Lire Olivier Adam, pour moi, c'est retrouver un univers, une famille, une ambiance... Ici, l'histoire de Sarah, quadragénaire bien installée dans sa vie de mère de famille et working girl, partie sur les traces de son frère récemment décédé, et qui était parti quelque temps au Japon... Rencontre avec Natsume, un homme mystérieux qui empêche les candidats au suicide de concrétiser la chose...
Bon, l'histoire en elle-même n'est pas folichonne, mais on retrouve ici le style et les thèmes chers à Olivier Adam : de belles descriptions de l'environnement et des êtres, des phrases vives et parfois sans ponctuation, qui suivent au plus près le battement des coeurs, justement, la famille, le lent délitement des liens familiaux, la complexité des choix d'une vie, toutes les choses qui ont été et qui ne sont plus... Il ne faut pas s'attendre à de l'optimisme avec ses romans, d'ailleurs on lui reproche volontiers cette relative noirceur sociale, à la limite de la complaisance geignarde, mais moi je le défends toujours bec et ongles car je pense que sa démarche d'écrivain est profondément sincère, pétrie de convictions humaines et humanistes, et c'est ce que j'apprécie dans ses livres.
En outre, il dessine avec pudeur et brio, peu à peu, une sorte de fresque socio-familiale avec l'ensemble de ses romans, avec des échos entre les uns et les autres (j'ai noté dans "Le coeur régulier" le retour permanent du mot "Falaises", titre d'un autre roman, mais aussi, glissée, l'expression des "vents contraires"...).
Ce qui touche, au final, c'est aussi ce qui peut rebuter : la proximité extrême avec nos propres situations, nos propres peurs face au délitement des êtres et des choses, nos propres impuissances. L'impression d'être douloureusement chez soi...