C'est en effet le sujet au cœur du roman : est-ce le pragmatisme du réalisme ou le romantisme de la fidélité qui vaincra ? En fin de compte on a assez vite la réponse, Le Collier rouge n'est qu'un petit roman assez prévisible et pas surprenant pour deux sous, il n'y a pas grand chose de romantique là-dedans. C'est en somme la dure histoire d'un chien, d'une femme aussi, qui attendent un homme, un ancien Poilu en prison. Mais pourquoi ? On ne l'apprend que très tard, mais ma foi, on le devine assez tôt. Vraiment rien de surprenant ici, que du prévu et du deviné, du déjà-vu même. Ce que Rufin nous a pondu, c'est une intrigue attendue en tous points, qui certes n'est pas déplaisante, mais pas originale du tout. Je peux même aller plus loin dans mon propos en disant qu'au fond elle en devient décevante, frustrante aussi parce que je m'attendais à un roman qui verrait la grande victoire de la fidélité, mais face à la loyauté de l'animal et à l'amour de la femme, l'auteur nous oppose seulement l'indifférence de l'homme et pour le coup, ce n'est pas ce qu'on m'avait vendu ; il y a publicité mensongère. En plus, au milieu de tout ça demeure un juge, un jeune homme qui essaye de comprendre les raisons de cette combine insensée, folle et outrageante. Il cherche donc à démêler les raisons qui ont poussé notre héros de la Grande Guerre à agir ainsi, et il y parvient à la fin... En perçant le mystère, ce magistrat retire tout ce qui pouvait rester d'un peu intéressant : si la fin pourrait être heureuse, je n'y ai pas lu de happy end, juste une mauvaise conclusion accompagnée de la sensation d'être passé à côté de quelque chose de bouleversant, un espoir déçu donc que Le Collier rouge... Cette histoire, c'est celle du grand père d'un ami de l'auteur, et j'en reviens à ce que j'ai déjà dit sur l'autofiction, toute histoire n'est pas bonne à raconter sous le seul prétexte qu'elle est réelle, il ne faut prendre de la vie que ce qu'il y a de romanesque. À cause de ce dénouement, ce n'est qu'une histoire tiède et sans saveur, qui ne méritait pas qu'un roman lui soit consacrée.