De Rufin, je n'avais lu que le pavé "Rouge Brésil", que j'avais assez apprécié, puisqu'il conjuguait un certain sens du romanesque classique avec une richesse historique indéniable. A priori, c'est la même formule dans ce très court "Collier Rouge", puisque Rufin évoque un épisode peu connu - me semble-t-il - de la Première Guerre mondiale, une tentative de rébellion conjointe des soldats des deux camps, inspirés par le succès de la Révolution d'Octobre, sur le front grec, tout en déroulant avec un classicisme imperturbable le récit émotionnel de plusieurs destins qui se rencontrent dans la chaleur d'un été du Berry. Histoire de fidélité, histoire d'éveil de la conscience (politique, humaine), histoire d'amour, Rufin essaie de caser tout cela dans 200 pages. Le problème est qu'on referme ce trop court livre avec le sentiment d'avoir effleuré plein de sujets, plein de thèmes potentiellement passionnants, tout cela pour pas grand chose, puisque, à la fin, Rufin évacue tous les conflits en les étiquetant "péché d'orgueil" : c'est un peu facile, quand même ! On aura même d'ailleurs le droit de trouver bien réactionnaire cette lecture de l'engagement politique sous le prisme des petites mesquineries de l'âme humaine... Un dernier commentaire irrité :
vu que Rufin se donne un mal de chien (ah ! ah !) pour laisser planer le doute pendant tout son livre sur la nature du "crime" commis par Morlac, quelle drôle d'idée de la part de l'éditeur de nous révéler la solution sur la couverture !
[Critique écrite en 2015]