Pour pas mal de monde, je suis assez sûr que Stefan Zweig est une espèce d’auteur-dilettante, ni assez profond ni assez accessible, repassant la chemise de l’histoire au fer de la psychanalyse et de l’esprit bourgeois type belle époque.
Ce qui n’est pas entièrement faux.
Mais, mon humble et subjective personne voit le bonhomme différemment. Pour moi, ouvrir un livre de Stefan Zweig, c’est directement se retrouver dans son « monde d’hier », perdu quelque part dans la Philarmoniker Strasse de Vienne, assis au Sacher devant une tarte au chocolat et un thé, en écoutant un esprit remarquable nous sussurer à l’oreille ses observations, ses confidences, ses théories. Une espèce de très longue conversation avec le lecteur, qui oscille entre le manifeste théorique et les considérations biographiques, un peu comme un ami nous l’expliquerait pendant une longue journée où l’on a rien d’autre à faire que s’assoir et parler.
Et quelle conversation il a, ce Stefan Zweig ; jamais pontifiant, il n’écrit pas de biographies, il écrit des livres, avec son style tranquille et posé qui bascule à certains moments dans le proprement sublime, arrivant à cerner ce qui est justement impossible à cerner : l’abstraction totale et complète qu’est l’inspiration, le génie d’un auteur.
Tous les réalisateurs ou biographes qui ont vulgarisé vulgairement, qui ont réduit le génie des auteurs à rapporter ce qu’ils ont vécu, lisez Zweig et allez mourir, amicalement. Le Démon, c’est beau, c’est grand.
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