J'ai très peu aimé ce Commando des Immortels, pour des raisons auxquelles je m'attendais et d'autres auxquelles je ne m'attendais pas.
Primo, les Elfes. Prenez votre liste de clichés sur le Noble Peuple et votre bic noir, vous allez cocher toutes les cases. Les Elfes sont grands, beaux, légers, avec des oreilles en pointe, éthérés, distants, arrogants, archers, guérisseurs, proches de la nature, vivent dans une forêt... Notez « éthérés », qui est l'équivalent poli pour dire « fades » ; les six personnages elfiques qui peuplent l'essentiel du livre ont autant de saveur et de personnalité que des endives. Le parallèle maladroitement dressé avec les Amérindiens n'aide pas particulièrement à leur donner une quelconque consistance.
Secundo, Tolkien. Christophe Lambert a bûché son sujet comme un bon élève consciencieux : il ne dit pas de grosse connerie (ou du moins je n'en ai vu aucune), il cite ses sources dans sa postface, et c'est très bien. Mais avec quelle lourdeur les références à Beowulf ou au Seigneur des Anneaux sont-elles intégrées dans le texte ! Que ces dialogues sonnent faux ! Celui qui paraphrase l'essai Les Monstres et les Critiques est incroyablement mauvais : le pauvre Tolkien-personnage se trouve face à un homme de paille digne des pires carnavals. Et que dire du grossier clin d'œil à Tom Bombadil... Les longs extraits de lettres censément écrites par Tolkien montrent encore que Christophe Lambert ne fera pas fortune en se faisant faussaire (diable, 2008, la traduction française des Lettres est parue trois ans auparavant !).
Au-delà de ces deux éléments qui constituent clairement les arguments de vente du truc, c'est du roman de guerre par le texte : tout à fait lisible, mais avec des personnages et des péripéties largement convenus et qui manquent sérieusement de saveur. L'auteur s'inscrit clairement dans une démarche « bis » ; l'idée de « série B » revient plusieurs fois dans sa postface. Ça n'excuse pas l'écriture très médiocre de la chose.
Au final, une mauvaise fanfiction, peu convaincante bien qu'amplement documentée. Dommage.