Grand roman d'aventure nous présentant, tel de Phoenix, la renaissance du Comte de Monte-Cristo, personnage quasi divin créé dans l'unique but d'assouvir la vengeance d'Edmond Dantès, son double humain, broyé par 14 années d'enfermement injuste. Etre supérieur, aussi bien en termes financiers, moraux que physiques, on croirait presque lire ici un mythe grecque où un Dieu s'est fait corps humain pour assouvir un dessein quelconque.
Le Comte fait en effet tout le sel du roman. Lire ce demi-dieu être petit-à-petit ébranlé dans ses certitudes et mis moralement face aux conséquences de ses actes, lui qui pensait s'être totalement affranchis de cette morale au profit de sa liberté est à mon sens, un des principaux intérêts du livre...
La lecture est fluide et les péripéties se suivent et s'enchainent entre les différents protagonistes du livre jusqu'à sa conclusion, si bien qu'il est facile à certains moments de se demander "Attends, c'est qui celui là déjà ???". On n'échappe malheureusement pas à quelques lenteurs en milieu de récit.
Si je pouvais faire un reproche au roman, c'est de ne pas aller assez loin dans sa remise en question du personnage du Comte qui jusqu'au bout gardera son auréole divine et ne sera finalement jamais matériellement inquiété par ses actes par les proches de ses ex bourreaux devenus victimes.
Je pense notamment à la fin, où ça n'a pas l'air d'embêter Morrel de voir le Comte l'avoir presque sciemment privé de Valentine, uniquement pour satisfaire son caprice de savoir si oui ou non il serait digne de recevoir sa fortune...
Alexandre Dumas délègue toutes ces réflexions au lecteur qui sera libre ou non de questionner Monte-Cristo et sa légitimité à se prendre pour un Dieu.
Il reste que le Comte de Monte-Cristo est un formidable grand récit d'aventure, qui ne tombe ni dans une naïveté exagérée, ni dans une cacophonie de péripéties sans finalité.