Oui, je l'avoue, j'ai une certaine affection pour la "littérature" de JCG. Dans le panorama surchargé du roman policier, il se détache grâce à un style plus travaillé que ses confrères. Quand on voit la pauvreté d'écriture des têtes de gondoles, on accueille le dernier Grangé avec bienveillance. Du gros polar qui tâche avec une certaine ambition stylistique.
Le concile de pierre est à classer dans les œuvres de jeunesse. Grangé ne maîtrise pas encore totalement sa plume, il en fait trop et ne sait pas encore doser ses effets. De plus, il plonge allègrement dans le fantastique, thème qu'il ne comprend pas vraiment, ses autres livres jouant toujours avec cette frontière sans jamais la franchir. Comme souvent (toujours?) avec lui, son "héros" est un accidenté de la vie, ayant subit un traumatisme dans son adolescence, en quête d'identité ou de rédemption. Comme souvent (toujours?) le "héros" sera confronté à son passé où ses origines inculquées seront malmenées. Bref, Grangé jette encore là les bases qui feront sont succès les années suivantes. Structure, révélations, rythme, confrontation finale, tout y est.
Ce qui ne marche vraiment pas, c'est justement l'élément fantastique. Grangé ne fait pas l'effort de rendre son intrigue crédible, il se repose sur la dimension surnaturelle et pense que le lecteur va tout gober. L'histoire perd en cohérence car le monde sur lequel elle repose n'est pas assez solide. Trop d’événements se passent sans adéquation avec leur environnement et on lâche peu à peu l'intrigue à cause de ce ce manque de rigueur. Le lecteur est trop souvent confronté à un "pourquoi" qui n'aura jamais de "parce que". Les personnages secondaires sont placés comme des balises pour orienter la route à suivre par Diane, ils sont sans réelle épaisseur et apparaissent et disparaissent sans volonté de mise en scène ou de cohérence générale. Exemple typique, Giovani, plus un outil pratique qu'un personnage. Langlois le flic, une débroussailleuse qui défriche les premiers indices.
Cette escapade en terre mongole ne marquera pas l'histoire du roman policier et encore moins la bibliographie de l'auteur. A éviter.