L'autrice nous fait plonger dans une atmosphère nauséabonde, faussement progressiste et finement restituée, aux côtés de la V. de 14 ans, une adulte en devenir qui veut écrire des livres et qu'on a laissé se transformer, au vu et au su de son entourage passif voire complaisant, en un "objet de plaisir".
Quand elle cherche à en parler autour d'elle, le mot "pédophile" est prononcé mais personne ne la sort de là. On ne s'offusque pas trop des relations sexuelles entre une ado de 14 ans et un homme de 50 ans dans les milieux artistiques et intellectuels des années 1980. Quelques années plus tôt, des tribunes avaient circulé pour réclamer la dépénalisation des relations sexuelles entre majeurs et mineurs.
Des années plus tard, elle redevient le "sujet de [sa] propre histoire" et démontre avec brio la force des mots, dans la dépossession de soi comme dans la prise de pouvoir.