Le Convoi de l'eau m'aura laissé au final un goût très particulier. Akira Yoshimura a un style très précis, incisif mais également très froid. A aucun moment, il n'arrive à nous faire ressentir le côté viscéral de la forêt, de la brume, de la montagne qui sont tous pourtant très présents dans le roman. L'histoire du héros ne m'a également pas beaucoup passionnée. Abordée par petites touches à plusieurs moments du roman, elle n'est jamais réellement développée, et demeure un leitmotiv pour faire le lien entre le héros et le village. Excepté le héros, les autres personnages ne sont que légèrement évoqués, empêchant un réel attachement à qui que ce soit. Le tout donne une tournure au livre de fable/conte noir sur l'éternel cliché Japonais de l'opposition entre tradition et modernité.
Pourtant, on se laisse porter par l'histoire. L'avancée progressive du chantier du barrage et cet espèce de jeu d'observation des ouvriers sur le village (presque à la manière d'un zoo), rythment vraiment bien le roman, qui se lit d'une traite. J'ai plutôt apprécié également la rédemption du héros par ce petit village qui aurait pu être très touchante si j'avais pu accrocher réellement à l'histoire.
Mais au final, la sauce n'a pas pris avec moi. Je n'ai pas réellement senti la poésie, les émotions et ai vraiment eu l'impression de simplement suivre une succession d'évènements bien racontée mais toujours très froide. Dommage !