Je n'ai pas lu énormément de romans d'Amélie Nothomb mais le peu que j'ai lu d'elle jusqu'ici m’a toujours fait passer un agréable moment de lecture. Bien que ma préférence aille à Hygiène de l'assassin, j'ai bien apprécié Le Crime du Comte Neville, son dernier roman en date.
Comme toujours, l’auteur nous propose ici un roman simple et efficace. Si certains déplorent son manque de profondeur, personnellement, lorsque je me lance dans la lecture de ses romans, c’est justement pour sa légèreté de ton et d’esprit. S’apparentant davantage à la nouvelle qu’au roman de part sa longueur, Le crime du comte Neville s’inscrit bien dans la lignée des précédents romans.
Le comte Neville reçoit un jour un étrange appel d’une voyante : sa fille Sérieuse a été retrouvée en plein milieu de la nuit, au cœur de la forêt et se trouve chez elle. Inquiet, il se rend aussitôt chez cette dernière pour retrouver sa fille. Là, la voyante va faire une bien étrange révélation au comte : dans les prochains jours, une réception aura lieu et il tuera l’un de ses invités. D’autres auraient ri et laissé couler les dires de cette femme. Mais le comte, lui, n’ignorera pas cette prédiction au point d’en devenir obsessionnel. Qui donc va-t-il tuer au cours de cette réception ?
D’entrée de jeu, l’auteur nous annonce une relation père-fille compliquée. Le Comte de Neville a trois enfants, Oreste, Electre et Sérieuse. S’il ne rencontre aucun souci avec les deux premiers, il ne peut pas en dire autant de la petite dernière. Sérieuse est… trop sérieuse. Autrefois pleine de vie, curieuse de tout et heureuse, l’adolescence semble avoir marqué un tournant décisif dans la vie de la jeune fille en la faisant passer à l’opposé. Pourquoi ? Le comte l’ignore. Or, si jusqu’ici, cette situation ne semblait guère l’inquiéter, pensant qu’il ne s’agit que d’une crise d’adolescence, les prédictions de la voyante vont venir bousculer ses certitudes, d’autant plus que Sérieuse semble bien décidée à obtenir ce qu’elle veut. Dépassé, le comte ne sait plus comment gérer son adolescente de fille dépressive, surtout que maintenant il doit se rendre à l’évidence : il va tuer quelqu’un. Mais qui ? Et comment ? Qu’adviendra-t-il de sa famille une fois son crime commis ?
Amélie Nothomb aborde toutes ces questions dans un style drôle et décalé qui dépeint une noblesse belge décadente aux us et coutumes d’un autre temps. On ne peut pas vraiment dire que les personnages du roman sont attachants, sa brièveté jouant sans aucun doute sur ce point. Néanmoins, j’ai bien aimé l’épouse du comte, un personnage très amusant qui n’aime guère les sujets graves ou qui l’ennuient et qui a trouvé une tactique imparable pour les éviter.
La fin est bien amenée quoiqu’un peu rapide mais sur un ouvrage de cette longueur, cela ne m’a pas spécialement dérangée, bien au contraire.
Je n’ose en dire plus tant ce qui est agréable avec cette auteur est de se laisser surprendre. Encore une fois, à partir d’un sujet plutôt banal, elle arrive à nous emmener pour un très court moment (mais agréable) dans son univers si particulier. Le crime du comte Neville, bien que ne m’ayant pas laissé un souvenir impérissable, était une bonne lecture de rentrée littéraire.