Tschaï, c'est une planète. Grande, très grande même. Et inexplorée par l'humanité au moment où ça démarre. Adam Reith fait justement partie de l'équipage du vaisseau d'exploration qui découvre Tschaï. Et il y est envoyé en reconnaissance au sol. Pas de bol, pendant qu'il descend vers la planète, son vaisseau est dézingué par un missile venu d'on ne sait où. Zéro survivant. Voilà, ce bouquin est construit sur un pitch assez simple : Adam Reith se retrouve seul sur Tschaï et va chercher par tous les moyens possibles à regagner la terre. Pas une mince affaire.


Tschaï, c'est aussi quatre volumes réunis en une seule édition. Fort opportunément, d'ailleurs, car ils s'enchainent très directement, au point que s'il n'y avait pas d'intercalaires, le lecteur n'y verrait que du feu. Heureuse initiative, donc. Juste dommage qu'il manque dans mon édition de poche une carte de la planète. Mais la perfection n'est pas de ce monde, sinon on serait au courant.


Pourquoi quatre volumes ? Eh bien parce que Tschaï est habité par quatre espèces extra-terrestres : les Chasch, les Wankh, les Dirdir et les Pnumes. Et que chacun des volumes est centré sur, appelons ça les interactions, de Reith avec ces diverses espèces et leurs diverses variantes. Le monde de Tschaï est compliqué. D'autant plus qu'il y vit une cinquième espèce, l'espèce humaine. Si vous voulez savoir comme elle a débarqué là, il vous faudra lire le bouquin.


L'espèce humaine, donc. Mais une espèce humaine qui ne règne pas sur la planète, loin, très loin de là. Elle est même asservie dans les grandes largeurs aux quatre autres espèces. Avec des humains qui s'efforcent de singer leurs maitres, voire même qui ont évolué pour leur ressembler. Car ça fait aussi une paie qu'ils sont là.


Mais parlons un peu de Reith. Déjà, il est plein de ressources, ce n'est pas le premier venu; il est entrainé à survivre (oui, oui, il s'agit bien de cela) et a même conservé un peu d'équipement avec lui. Mais il incarne également, osons-le, les valeurs positives de l'humanité, et, osons le, des États-Unis. Tout çà a été écrit à la fin des années 60, j'estime donc que l'on peut encore parler de valeurs positives des États-Unis dans ce cas figure : compassion pour autrui, refus de l'injustice, débrouillardise et détermination.


Avouons le : si Reith avait débarqué sur Majipoor et rencontré ses honnêtes commerçants en dévotion devant leur Lord Valentin bon et juste, il n'y aurait pas eu de bouquin. Mais les humains qu'il va rencontrer sont au mieux simplement très cupides. Et la plupart du temps totalement jetés quand ce n'est pas carrément vicieux. Et je ne parle même pas des races extra-terrestres qui ont toutes leurs sympathiques petites caractéristiques. Autant dire que la quête du retour sur terre sera longue : 920 pages dans mon édition de poche...


Voilà, voilà, ça se situe entre du planet opera, du survival avec une touche de Jules Verne pour le côté road movie aventureux. Une écriture simple, très cinématographique. On pourra reprocher à chacun des volumes de s'achever de façon un peu rapide, mais peut-être Vance était-il tenu par des délais. De l'action bien sûr, mais la profondeur des personnages n'est pas négligée : celui de Reith, bien sûr, le bon gars plutôt malin qui se retrouve plongé dans un univers dont il ne comprend pas les codes au début, puis les désapprouve de tout son être. Mais aussi deux extraordinaires personnages féminins, un pour le début, l'autre pour la fin, qu'il serait malséant d'approfondir ici, tant leur découverte fait partie du plaisir de la lecture de Tschaï.

Marcus31
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le 12 sept. 2020

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