Décritique du Déchronologue !
Certes, les chapitres du livre sont éparpillés façon puzzle temporel pour coller au sujet... Mais la sauce ne prend pas parce que malgré les dix jours de différence entre le calendrier du navire et celui de Basse-Terre, le temps qui s'écoule pour le capitaine reste bien chrono - logique (et ce malgré des soleils se levant et se couchant trois fois par nuit). (7)
Je vais donner un beau huit au Déchronologue parce que j'aime les romans ambitieux, les clins d'oeils aux frères de lecture et les anarchistes aux coeurs tendres. (1)
Non pas que ce récit soit écrit avec les pieds, sans aucun effort ni inspiration! S. Beauverger est clairement un grand connaisseur des Caraïbes au XVIIème siècle ; tout comme sa passion flibustière est sincère et sa précision lexicale louable. (3)
Si ma note devait sanctionner uniquement l'art narratif, la beauté des dialogues ou la profondeur des personnages, évidemment, il en serait autrement... (2)
J'ai bien conscience de la facilité avec laquelle j'assassine un ouvrage que j'ai par ailleurs beaucoup aimé. Ne vous méprenez donc pas, aimables confrères lecteurs, ce livre mérite d'être lu, pute borgne! (5)
En bref, il faut lire le Déchronologue pour s'immerger dans un univers déroutant et un récit bien mené où nagent de belles idées comme celle des naufrageurs du temps ou des marées temporelles. (11)
En parlant de logique, il faut tout de même avouer qu'il y a quelques incohérences à la manière des livres d'Aventure... Le capitaine Villon survit mystérieusement à la destruction monumentale d'une jungle, etc. (8)
Néanmoins, il faut reconnaître qu'en lisant ce roman, aucune émotion forte, aucun sentiment de révolte, aucune sueur froide n'a éclaté en moi. Bien sûr, il est toujours injuste de comparer un livre avec le chef d'oeuvre de sa catégorie... Mais quand je repense aux bouffées de violence ou aux rires d'euphorie qui m'ont pris en lisant Damasio, je ne peux que constater qu'une différence de nature sépare les deux ouvrages. (4)
Alors évidemment il faut dire que Henri Villon, (qui partage son nom avec un illustre poète...) et Féfé de Dieppe sont de beaux personnages, toujours plaisants à suivre, à voir éructer ou s'enivrer. (9)
J'imagine que la vraie différence qu'il y a entre la Horde et le Déchrono réside certainement dans la liberté que prennent chacun des deux auteurs avec le langage et l'art narratif classique. (6)
De même, j'ai beaucoup aimé les références littéraires ou politiques comme cette phrase que les plus curieux auront certainement notée : "il a amené avec lui (...) la parole de m'owarx et la sagesse de trojxqi." Derrière les déformations mayas, il faut comprendre Marx et Trotski! Et quand l'auteur parle du rouge empire qui sera le leur, le doute n'est plus permis! (10)