These lights, this brightness, these clusters of human hope, of wild
desire—I shall take these lights in my fingers. I shall make them
bright, and whether they shine or not, it is in these fingers that
they shall succeed or fail.
Hollywood, années 30, Monroe Stahr est l'exemple parfait du wonder boy. Main de fer dans un gant de velours, il a atteint, à un âge où normalement une personne aussi ambitieuse soit-elle a à peine commencé à gravir les échelons, le sommet du sommet, et est devenu un producteur aussi redouté qu'adulé et respecté, aussi bosseur qu'audacieux, d'un très grand studio de cinéma. Bien sûr il y a quelques ombres sur ce tableau d'une réussite incroyable. Il est veuf d'une star de cinéma, son associé et rival Pat Brady n'attend qu'une bonne occasion pour lui nuire, et sa santé fragile ne lui promet que peu à vivre. Lors d'une inondation, il vient en aide à deux jeunes femmes, dont l'une est le parfait sosie de sa défunte épouse...
Ce film est fortement inspiré de la fascinante et unique figure d'Irving Thalberg, jeune prodige qui a atteint le sommet du sommet dans le mythique studio MGM et qui a permis l'existence de beaucoup des plus belles productions du cinéma de cette période exceptionnelle et riche, Ben-Hur: A Tale of the Christ (la version muette de 1925 bien sûr, que j'ai tendance à préférer à celle avec Charlton Heston !!!), Grand Hotel, Les Révoltés du Bounty ou encore Une nuit à l'opéra pour ne citer que celles-là.
Writers aren’t people exactly. Or, if they’re any good, they’re a
whole lot of people trying so hard to be one person.
Et pour ce qui est de la justesse de la vision de ce monde à part qui est celui du cinéma, on peut légitimement penser que Francis Scott Fitzgerald savait de quoi il parlait du fait qu'il a été scénariste, car il faut bien payer ses factures. Il a eu une participation anecdotique et non crédité à celui d'Autant en emporte le vent, et les seuls de ses scénarios qui semblent avoir été adaptés ont donné le lyrique Trois camarades et le piquant et agréable Femmes (deux grandes réussites au passage !!!).
They were smiling at each other as if this was the beginning of the
world.
Mais pour en revenir au roman, raconté soit à la troisième personne, soit à travers le regard du personnage de Cecilia Brady, la fille de Pat Brady, qui est amoureuse (amour non partagé !!!) du protagoniste, on a tout juste commencé à entrer dans les méandres de la psychologie du protagoniste, et aussi, par l'intermédiaire de la narration à la première personne, dans celle de Cecilia, on a tout juste commencé à entrer dans une histoire d'amour qui promet d'être poignante, et on a tout juste commencé à voir notre protagoniste face à l'adversité, l'ensemble se terminant après une première confrontation, avec un chef de syndicat... Le couperet tombe brutalement. La mort a fait son apparition dans la vie réelle...
Heureusement qu'Edmund Wilson, ami de cet auteur d'exception, un des plus grands si ce n'est le plus grand de la littérature américaine, qu'est Scott Fitzgerald, en plus du roman tel qu'il était, nous a laissé aussi de nombreuses notes de l'écrivain donnant des indications précieuses sur la suite de l'histoire. Et résultat, il y avait hautement matière à donner un roman aussi grand que Gatsby le Magnifique et le beaucoup trop méconnu Tendre est la nuit. On y entrevoit sa profonde mélancolie, la complexité de ses personnages, et son talent inestimable à nous plonger dans un milieu et une époque, et on se dit que, inachevé ou pas, ses adieux sont aussi magnifiques que ses plus grandes œuvres...