D'élucubrations en extravagances, Pennac nous emmène, au rythme des balancements de son hamac, dans une histoire sans queue ni tête, retraçant le parcours d'un dictateur qui voulait parcourir le monde, et des sosies qu'il croit choisir pour le remplacer alors qu'il vadrouille sur les routes européennes. Cette histoire sans queue ni tête est un prétexte pour nous promener le long d'une réflexion, pleine de rêveries et de frasques hilarantes, celle de l'écrivain qui cherche, rêve et dissèque paisiblement sa méthode de création.
Et quel endroit plus parfait que le Brésil, pays de sucre, d'exotisme, mais aussi pays en construction, historique et sociale, pour faire un parallèle avec ce processus créatif. Sous couvert d'un scénario rompu de cocasseries et divagations, nous voilà devant la chronique de la mise en place d'une architecture nationale. C'est avec force de détails parfaitement renseignés et une multitude de références précises que l'auteur nous fait voyager sur une géographie qu'il connaît bien.
Les références culturelles, au Brésil comme aux Etats-Unis, affinent le récit et sont terriblement bien exploitées. De blagues en blagues, de situations improbables en raccourcis pratiques, absurdes, parfois ubuesques, le roman suit le fil de notre rire, comme un moment de détente, un balancement de hamac, une pépite ensoleillée. Décousu parfois, le récit n'en est que plus sautillant, et nous voilà rapidement embarqués sur une terre colorée et chaleureuse : celle des tropiques, celle du rire, celle d'un écrivain toujours désopilant.