Arundhati Roy, ou la magie des mots
Un chef d’œuvre et l’un des romans les plus émotionnellement juste que j’ai pu lire de toute ma vie. The God of small things est un conte fracturé dans le temps qui raconte l’amour et la perte. A travers les yeux de deux jumeaux de 7 ans, Estha et Rahel, élevés par leur mère célibataire et issus d’une famille de la nouvelle classe moyenne indienne, le roman nous livre le récit d’un drame familial qui va faire éclater tous les repaires des protagonistes. C’est à travers ses yeux enfants puis ses yeux d’adulte que Rahel dissèque le monde qui l’entoure et essaie de comprendre qui peut être aimé, comment, et combien.
Le récit est très drôle mais aussi très dur, on rentre dans le monde angoissant de l’enfance, plein de magie et de mystère. Arundhati Roy est une véritable virtuose des mots, elle nous décrit à travers l’histoire d’Estha et de Rahel tous les paradoxes de l’Inde, entre modernité et tradition, dans un décor tout aussi luxuriant que sa manière de nous le raconter.
Un livre d’une profondeur extrême, qui laisse le lecteur sur un vide difficile à combler. Je le conseille vraiment vivement.
Une dernière chose : il faut absolument lire ce livre en anglais si vous maitrisez la langue de Shakespeare. Arundhati Roy joue avec cette langue d’une manière si limpide, subtile et pleine de malice que ce serait du gâchis de s’en priver (je me suis d’ailleurs toujours dit que ce roman avait dû être un casse-tête à traduire tellement il regorge de jeux de mots et joue sur le côté malléable et adaptatif de l’anglais, difficile à reproduire dans notre rigide français). Pour ceux qui se débrouille au moins moyennement dans cette langue mais qui n’ont jamais lu en VO, c’est par ailleurs une très bonne occasion de se lancer car la lecture reste assez simple et intuitive, pas besoin de sortit le dictionnaire toutes les 3 lignes.