Dostoïevski je te connais de l’”Idiot", et j'avais adoré. En revenant dans ton œuvre de jeunesse, à ce deuxième roman, je suis déçue.
Certes, le sujet fascine, le récit de ce pauvre Goliadkine qui ne trouve pas sa place en société et voit soudain un jour débarquer son parfait sosie (réel ou imaginaire) qui précipite la chute de notre protagoniste au plus bas de l'échelle sociale, jusqu'à l'en exclure.
Certes, je me suis souvent surprise d'empathie saisissante pour ce cher Jacob Pétrovitch. On angoisse à ces côtés, on appréhende l'arrivée au bureau, on méprise son double.
Certes, le doute plane, est-il vraiment un double dans ce récit, ou n'est-ce que la matérialisation du malaise sociétale de notre protagoniste ? S'est-il lui-même aliéné de la société ou un double maléfique l'a-t ’il poussé dans cette direction ? Cette confusion participe beaucoup de la trame narrative.
Seulement, malheureusement, même détenteur d'un sujet plein d'intérêts, Dostoïevski donne le sentiment d'avoir laissé là son roman en cours de route. Même si participant de l'ambiance et de la confusion générale du récit, les répliques de Goliadkine sont bien trop confuses, le cheminement narratif aussi. La chute sociale du protagoniste se fait par zones d'ombres. Certaines choses auraient mérité d'être approfondies ou développées, comme l'intégration sociale de Goliadkine cadet.
Ce roman m'a laissé un désagréable sentiment de manque. Il est pour moi l'ébauche de ce qu'aurait pu faire Dostoïevski. Malgré ces lacunes, cette œuvre reste plus que digne d'intérêt, et sûrement que là où j'ai trouvé le ciel nuageux, vous verrez un beau ciel d'été dégagé.