C’est l’arroseur arrosé : La Mort doit composer avec la mortalité, abandonnant ses fonctions et laissant les victimes vagabonder entre la vie et la mort.
Difficile d’apprécier justement Le Faucheur. C’est à la fois un bijou d’émotion quand Pratchett met La Mort face à la réalité de la condition humaine, mais l’histoire devient vite barbante quand une pelletée de personnages improbables rejoignent les péripéties de Vindelle Pounze, diluant une morale pourtant très savoureuse sur de longues pages remplies de gags un peu trop potaches pour ce que le livre veut raconter.
Il y a un vrai ventre mou dans le deuxième tiers, j’ai dû m’accrocher pour en voir la fin. Les passages qui traitent du capitalisme tirent en longueur avec des dizaines de points de vue différents sans jamais vraiment trouver un sens.
Mais arrivé au dernier tiers, je ne pouvais plus lâcher le bouquin. L’histoire de Mademoiselle Trottemenu est terriblement touchante et La Mort est un personnage d’une complexité folle.
Avant Le Faucheur, j’avais toujours cette image de La Mort lugubre et inhumaine, malgré les efforts consentis dans Mortimer pour la rendre plus agréable, mais dans Le Faucheur, on découvre vraiment toute la puissance de son écriture. Pratchett en a fait un héros incongru, capable des plus beaux moments d’humilité pour faire face à l’adversité.
Le Faucheur est très inégal. Ses deux histoires parallèles ne se rejoignent jamais vraiment et on peine à entrevoir la finalité du propos. Mais le génie de Pratchett et la maestria avec laquelle il dépeint La Mort m’oblige à m’incliner une nouvelle fois.
Sans doute pas le meilleur Pratchett, mais assurément le plus émouvant.