Le garçon n'a pas de nom et ne parle pas. Le garçon ne vit pas en société. Lorsque sa mère meurt alors qu'il est âgé de quatorze ans environ, le garçon n'a jamais été en contact avec un autre être humain que sa génitrice. Seul, il va alors mettre le nez hors de sa tanière et partir à la découverte du monde. Le Garçon raconte sur une période de trente ans, de 1908 à 1938, l'épopée fabuleuse de ce sauvageon qui va découvrir la vie – ses bonheurs et ses malheurs, ses joies et ses peines, ses noblesses et ses vilénies. Le Garçon raconte comment cet enfant qui a grandi seul et sans éducation, et par conséquent dénué de sentiments, va apprendre l'amitié, l'amour, la jouissance, la haine et la souffrance, toutes ces complexions qui font qu'un être humain est un être humain et non pas une coquille vide.
Quand je pense que Leïla Slimani a été auréolée du prestigieux prix Goncourt pour son médiocre Chanson douce tandis que Marcus Malte doit se "contenter" du prix Fémina alors que Le Garçon est infiniment meilleur que le roman de la franco-marocaine, je m'interroge sur les modalités de sélection de l'académie Goncourt, l'ouvrage de Marcus Malte ne figurant même pas dans la première sélection (16 titres) du doyen des prix littéraires français. Je ne dis pas que Marcus Malte aurait dû en être le récipiendaire, n'ayant pas lu tous les livres en lice je m'en garderais bien, mais l'absence de son roman de la sélection initiale me semble malgré tout une hérésie, au vu des indéniables qualités intrinsèques de ce dernier.
Car ce livre m'a transporté. La profondeur du récit et le lyrisme de l'écriture m'ont subjugué et m'ont emporté dans un torrent d'émotions. La plume de l’auteur, leste et poétique, m'a empli d'un ravissement confinant à l'extase, notamment dans les quelques passages concupiscents – passages magnifiquement imagés et terriblement émoustillants. Rarement une prose ne m'a procuré autant d'émoi. J'en suis encore tout retourné...