Le Goût de l'immortalité par Nanash
A force de voir d'excellentes critiques des livres de Catherine Dufour il fallait bien que je saute le pas. "Le Goût de l'Immortalité", un des premiers, qui plus est auréolé de plusieurs prix fait une cible de choix.
Je pourrais faire d'innombrables tentatives pour expliquer de quoi parle ce roman. Il y en a une qui m'amuse ...
Le livre est composé de deux parties où alternativement une femme pauvre et une femme riche vont toucher du doigt l'immortalité. Une petite précision, la première partie fait 230 pages et la seconde 15.
Car c'est bien ce qui fait le coeur du roman, les bas fonds d'une société dans le futur où la lutte écologique est perdue depuis longtemps. Les gouvernements n'ont aucun pouvoir et les grandes corporations dirigent le monde de l'argent qui vit dans ses gigantesques tours tandis que les milieux mafieux saupoudrés de fanatisme religieux squattent les étages d'en bas et même d'en dessous. La violence est ultra présente partout à tout moment mais dans des formes "intéressantes", dans le sens scénarisée et cohérente. L'auteure ne fait pas du gore à sensation.
Autant dire que je n'ai absolument rien raconté de l'histoire tant le livre est dense et fourmille de personnages, de mouvements religieux, de lieux. L'écriture est complexe, le vocabulaire ardu par ses inventions, mais pas uniquement. J'ai dû prendre mon temps au début pour passer outre et mettre enfin les pieds dans l'univers proposé par Catherine Dufour et quand la mayonnaise a pris j'ai dévoré l'ouvrage jusqu'à la fin.
Puisqu'on parlait de construction, je suis sensible à celles qui sortent des sentiers battus (présentation, évènement, action, conclusion). Autant dire qu'avec "Le Goût de l'immortalité", je suis servi. La succession des chapitres est décousue, on peut y voir à la limite un sens chronologique mais ils ressemblent quasiment plus à des nouvelles. L'intrigue se déroule finalement à la toute fin. Pour schématiser, on a un puzzle pour enfant de 3 ou 4 pièces, sauf qu'en étudiant chaque pièce on se rend compte de la complexité et de l'épaisseur de chacune.
Les éclaircissements finaux de Catherine Dufour (dans la jolie édition) apportent beaucoup à la lecture du récit et à sa compréhension mais pointent aussi tout ce qui nous a échappé. Les influences de l'auteure, les noms des personnages, la typographie, tout y passe.
De la science-fiction qui se permet de ressembler à de la "vraie" littérature, je crois que je n'en ai pas fini avec l'oeuvre de Catherine Dufour: 9/10.
PS: Puisque j'ai eu la chance de faire signer ce livre, la dédicace que j'ai trouvée très énigmatique de prime abord se révèle savoureusement torde a posteriori ...
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