Années 20 au Japon : c'est l'histoire d'un couple où il ne se passe plus rien depuis longtemps, et où le divorce semble être une solution moderne mais toute trouvée pour leur situation. Misako a déjà un amant régulier et Kaname a ses habitudes avec Louise, une prostituée eurasienne. Il ne reste plus qu'à rompre une fois pour toute, mais les deux sont indécis.
Le goût des orties est un roman de contrastes, où la modernité d'un couple libre se confronte au charme des relations codifiées du Japon ancestral. Au contact de son beau-père, Kaname re-explore le Japon traditionnel, et à travers le théâtre de marionnettes et les services de la geisha dévouée au vieux monsieur, Kaname va faire évoluer son regard sur les traditions de son pays en pleine mutation. Dans la jouissance de petits riens qui font l'identité de son pays, on ressent le déracinement de Kaname, occidentalisé mais nulle part à sa place, tiraillé entre le passé et l'avenir, la réalité de sa vie sentimentale et les fantasmes d'absolu qu'il nourrit. C'est une lecture mélancolique, délicate et pleine d'élégance, et l'essence de qui fait le Japon est subtilement décrite.
Doux-amers, certains chapitres sont comme des tableaux, où chaque détail, du panneau de bois coulissant à l'ampoule qui éclaire la scène, a son importance, et créé une sensualité de la mise en scène. Comme au théâtre, les personnages évoluent précisément dans l'espace (je pense au dernier et somptueux chapitre) et cela donne une majesté à l'histoire de Misako et Kaname. Une belle découverte.