Tu vois ou pas quand tu sors d’un moment super dur dans ta vie et que t'as besoin de reconstruire un cocon, une carapace, un truc en béton parce que t’as pas vraiment le choix et que dans la vie faut avancer ?
Ben moi Le Grand Jeu je l’ai lu comme ça. Comme un pari contre la vie. Avec des réponses à des questions. Bon oké il faut beaucoup réfléchir. C’est sûr que Céline Minard elle sait dérouter et ça va te faire tout drôle si tu t'attends à un truc dans le genre de Faillir être flingué, où elle t’expliquait comment construire une ville avec des coboilles.
Non là en fait elle te montre d’abord comment te protéger, en t’isolant dans la nature. Comment apprendre à connaitre ton corps en milieu de survie. Alors des fois tu penses à Indian Creek de Pete Fromm et des fois aussi à La Constellation du Chien de Peter Heller.
J’comprends que je suis pas très clair dans c’que je raconte. Mais faut dire aussi que le roman est pas très clair non plus. Par exemple j’ai rarement eu l’occasion de saisir le sens du mot « décontenancé ». Mais quand j’ai refermé cette histoire on peut dire que j’ai été très décontenancé.
Pour ceux qui s’rappellent ou qui savent, ça ressemble à un trip éventé ou bien qu’aurait pris un coup de chaud. Tu sais quand t’es vraiment dans l’Entre-Deux et qu’tu sais pas si c’que tu vois c’est vrai ou si c’est ta tête qu’essaye de te le faire croire.
Bordel je suis encore moins clair qu’au début. Alors j’vais pitcher un peu dac ?
Tu vois la narratrice qui est une femme, elle a envie de s’isoler, d’être loin des humains. On sait pas trop vraiment pourquoi. Moi je crois qu’elle a peur, mais c'est seulement mon avis. Alors forcément en vivant dans la nature on change sa manière de percevoir, le quotidien devient différent, on se découvre des nouvelles forces. Tout devient un peu mécanique. Puis arrive le jour où cet isolement ne l’est plus forcément.
À cause de l’intrus. L’Étranger, pas celui qui nous veut forcément du mal parce qu’au début on connait pas vraiment ses intentions mais en tout cas la présence dérange. Alors on cherche à savoir ce qu’on doit faire pendant que le corps se dissocie dans ce nouvel environnement.
Tu sais y’a les lectures bonbons, et puis y’a les lectures où tu bites 60% de l’histoire. Y’a les lectures conforts et celles qui te bousculent, celles ou t’es content d’avoir wikipédia pas loin pour te permettre de comprendre, celles où tu finis un paragraphe et t’as cette petite sensation de victoire et tu t'exclames dans ton fort intérieur « oh ça y’est j’ai pigé !!! »…
… pour te rendre compte dans le paragraphe d’après qu’en fait pas du tout, t'as rien pigé.
J’aime pas foutre des avertissements, je suis plutôt du genre à pousser au cul si ça tente pour de vrai et qu’on hésite un peu.
Là pour le coup j’en reste coi. Moi j’ai kiffé me faire chamboultourner comme ça tu vois ? Après y’en a qu’aiment pas. Mais c’est pas grave on t’en voudras pas et je le répèterai pas mais à mon avis y’a moyen que t’y trouves ton compte aussi.
(parce que des fois, se faire bousculer le cul littérairement ça fait un bien fou, non mais oh !)
Ch’crois que je peux dire qu’en tout cas c’est du grand art et l’exercice de style est tout à fait cohérent avec l’ambiance du récit.