C'est un beau roman qui sent le vécu de cette vie âpre tendue vers l'absolu vers le besoin de "no limit" de beaucoup d'êtres cabossés par la vie qui cherchent des conditions de vie difficiles et l'affrontement avec la nature dans ce qu'elle a de plus brutal. C'est la dernière frontière où rattrapés par leur vie qu'ils veulent oublier, ils se livrent sans répit dans une lutte permanente dans une pêche féroce, titanesque.
Et au milieu de tout cela, il y a cette petite Lili, la petite française, qui fuit, qui court sans relâche, y risque sa vie en arrivant après sa période d'apprentissage, de bleue (green) en américain à se faire considérer par ces pros au point de devenir l'une des leurs. On sent la rudesse de cette vie qui n'est pas encore assez à laquelle on demande sans cesse plus d'émotions, une raison de vivre qui s'appelle la pêche, la course incessante au point d'y perdre une chance de vivre autrement sur une île au milieu d'un océan noir et glacial. Elle transperce les poissons autant que les personnages qui se livrent peu à peu autant qu'ils se délivrent de leurs vies fracassées, parfois brisées..
C'est très bien écrit, c'est beau, c'est bouleversant, c'est fort, c'est inouï, c'est fraternel aussi en final et très prenant
On sait par la quatrième de couverture que Catherine Poulain a eu une vie de baroudeuse à travers le monde et qu'elle n'est partie d'Alaska après 10 ans parce que poursuivie par le service d'immigration. Et elle revient en France où elle a choisi des métiers d'extérieurs.
Je l'ai vue à "la Grande Librairie", elle est menue et correspond bien au personnage qu'elle décrit. C'est un témoignage de l'extrême et sa grande force, c'est qu'elle nous la fait vivre intensément même si on frémit souvent et durablement. Vraiment impressionnant. Elle a eu de nombreux prix bien mérités.