Ça commence comme un simple récit d'enfance, avec des accents de fraîcheur et de candeur touchants, ça se poursuit dans une atmosphère mystérieuse et romantique à souhait, ça s'achève dans le drame et une sensualité tout en pudeur. Ça donne un roman majeur.
De grands et beaux thèmes sont développés par Alain-Fournier dans un style simple et poétique : l'enfance, l'amitié, l'amour, la fraternité, l'honneur. Dans un décor campagnard qui n'est pas sans rappeler certains écrits de George Sand, on se prend facilement d'affection pour les personnages, croqués avec justesse dans leur rôle et dans leur environnement tel que l'école, le village, la maison de maître, etc.
On assiste avec émerveillement à la fête fantasmagorique au Domaine Mystérieux, charnière du roman, où se noue la trame sentimentale qui fera basculer Augustin Meaulnes de l'adolescence à la maturité adulte.
La narration est confiée à François Seurel, ami et confident du "Grand Meaulnes" et pour moi, ce fut comme lire Proust sans ennui tant la description qu'il donne des diverses péripéties ou émotions vécues et ressenties par les protagonistes est faite de sensibilité et d'acuité.
Un beau roman d'apprentissage ; on ne peut que regretter la mort prématurée de son auteur.