Ce roman, davantage ébauche d'une saga familiale que double enquête, désacralise sans le vouloir vraiment (je crois — je l'espère en tout cas) la figure du prêtre et, au-delà, la religion catholique, et ce, par le traitement qui est réservé à chacun des personnages. En assombrissant leurs traits pour les rendre plus « humains » (dans l'optique de refléter efficacement une dure réalité), l'auteur les a en fait dénaturés ; je n'ai capté aucune lueur, qu'elle soit de joie ou d'espoir, se dégageant de leurs caractères et agissements. C'est ce qui, en plus de l'échappatoire choisie par le protagoniste, va principalement à l'encontre de l'espérance, une des trois vertus théologales (le texte y allude d'ailleurs, encore que ce soit de manière détournée, obscure, en passant par son contraire : « Il est vrai que le désespoir est un péché très grave, le plus grave de tous ») ; donc ce qui crache sur les valeurs chrétiennes et qui, selon moi, occulte de façon importune le thème premier de l'œuvre, par là même qui conduit presque au hors-sujet.
Je questionne également le choix de la narratrice, qui me paraît peu judicieux, puisque jamais elle n'inspire confiance au lecteur ; je comprends qu'elle souhaite demeurer objective, ce dont elle est incapable, mais la modalisation dans son compte-rendu aurait dû être travaillée avec finesse en vue d'émouvoir ne serait-ce qu'un peu.
Un livre manqué qui se voudrait d'actualité mais qui se perd dans une floppée de personnages mauvais — non pas mal écrits mais dont le fond est mauvais.