Le style de Raymond Chandler influence incontestablement les romans noirs modernes. Aidé par son personnage principal, le détective privé Philip Marlowe, l'auteur américain entraine ses lecteurs dans des enquêtes où se mêlent ironie et sarcasme, critique sociale, mais aussi analyse psychologique.
Le vieux patriarche de la famille Sternwood fait appel au détective privé Philip Marlowe pour régler une affaire de chantage dans l'ombre des médias. Très vite, le détective est confronté aux frasques des deux jeunes femmes de la famille ; l'une totalement capricieuse et enfantine et l'autre accro aux jeux et à l'alcool.
Le caractère pragmatique du détective lui permettra de rester professionnel grâce aux deux tentatrices, contrairement à tous les autres hommes s'étant fait approcher par les sœurs.
Ainsi, derrière cette affaire de chantage, Marlowe déterrera de vilain cadavres, et mettra la famille sans dessus-dessous.
Ce qui plaît principalement dans ce roman, est avant tout le détective Marlowe en lui-même. Son humour sarcastique qui revient souvent est peut-être ce qui m'a plu le plus, tout comme son professionnalisme et son inventivité.
"Vous ne voulez pas être une sœur pour moi ?" restera, je pense, sa phrase la plus drôle au vu de la situation dans laquelle il la prononce.
Sa personnalité est naturellement attachante, sans que l'auteur l'ai forcé et malgré sa personnalité d'apparence froide.
C'est peut-être finalement ce qui rend le roman si agréable à lire ; comme Jean-Philippe Jaworski et son Benvenuto Gesufal, Raymond Chandler s'est créé en quelque sorte un antihéros qui change des classiques habituels, et qui plaît davantage.
Nous l'accompagnons dans les risques qu'il prend, nous le suivons dans ses recherches minutieuses. Bien que la narration soit faite par lui, tout ne nous est pas raconté. Philip Marlowe se laisse le droit de nous faire des cachotteries, et de nous surprendre parfois dans l'histoire.
Derrière cette narration fluide et cette histoire bien ficelée, Raymond Chandler met noir sur blanc son talent. Les différentes étapes de l'enquête se suivent avec simplicité, clarté, mais le mystère reste complet.
Arriver à la conclusion semble difficile, mais contrairement à Hercule Poirot qui parfois tire les réponses de son chapeau - et je me permets de critiquer car j'adore les romans d'Agatha Christie -, Le grand Sommeil met en scène un personnage qui tire des déductions logiques de ce qu'il voit, ce qui ne perd pas totalement le lecteur dans l'aventure.
En soit, ce roman se place, pour moi, dans les très bons romans policiers grâce à l'ensemble très cohérent entre le détective Marlowe, les personnages secondaires et à la résolution de l'enquête en elle-même.