Pourtant, habituellement, la source est sérieuse. DIACRITIK. « Pierre Ducrozet : un art du roman "fait de didactisme pop et de gai savoir" (Le Grand vertige) ». Ce n’est pas ce que je croyais. Une charge contre les climato-sceptiques ? Du bla-bla…
Pionnier de la pensée écologique, Adam Thobias est sollicité par le Parlement Européen de Bruxelles pour prendre la tête d'une "Commission internationale sur le changement climatique ", le CICC. Et l’auteur de nous présenter Adam Thobias comme un fac-similé d’Aurélien Barrau plus vrai que nature au point que je suis allé fouiller le Net à la recherche de l’authenticité de ce clone… mais non, on me renvoie systématiquement au roman. Comme son illustre prédécesseur, cet Adam-là n’existe que dans l’imagination de son créateur et, pour celui-ci, de Pierre Ducrozet.
Pierre Ducrozet est né en 1982 à Lyon. Il a tenu pendant cinq ans une chronique littéraire dans Le Magazine des Livres. Il est l’auteur de cinq romans : Requiem pour Lola rouge (2010, Prix de la Vocation 2011), La Vie qu’on voulait (2013), Eroïca (2015) et L’Invention des corps (2017, Prix de Flore 2017). Il enseigne la création littéraire à l’école nationale supérieure des arts visuels de La Cambre. Il vit à Barcelone. Le Grand Vertige (2020) est donc son cinquième roman.
Donc Adam (Pas le Premier, l’autre…) accepte la mission qui lui est confiée, pour laquelle il crée le réseau Télémaque, un ensemble tentaculaire où se meut une équipe de bras cassés, tous plus farfelus les uns que les autres, « des scientifiques, des d'intuitifs, des spécialistes ou des voyageurs » nous dit-on, étrange mélimélo hétéroclite d’individus invraisemblables, illuminés et déglingués qu'il envoie en missions aux quatre coins de la planète avec des objectifs plus ou moins bien définis, plutôt moins que bien, au point que lorsqu’une émissaire qu’il expédie vérifier si du pétrole coule dans un oléoduc (en y posant l’oreille ?), au fin-fond d’une province reculée d’Asie, en guerre, lui demande que faire, après cette vérification capitale, la réponse tombe comme un couperet : « Peu importe. » De quoi motiver tous les agents de bonne volonté… et donner de la crédibilité à l’ouvrage. Voilà qu’Adam se prend pour Dieu ! Lui seul détient le Savoir : Interdiction de croquer la pomme !
Mon pauvre Aurélien, dire qu’un moment j’ai cru que tu avais servi de modèle…
Et on continue dans des considérations politico-philosophico-poético-absurde. Tout se dilue dans un magma infantile qui n’a ni queue ni tête, aucun sens, aucun but, on y bredouille, on n’y évoque aucune solution. J’espérais un plaidoyer puissamment étayé pour la protection de la planète et un changement radical de nos habitudes de consommations et on nous offre une bluette immature, gorgée d’erreurs et d’improvisations.
Il y a tromperie sur la marchandise, erreur de casting. Ce livre est destiné à des ados en quête de rêve.