*Cette critique contient de légers spoilers sur le précédent roman de la série (La huitième couleur). Notez également qu'ayant lu la version anglaise, je ne peux formuler une opinion sur la traduction française*
Deuxième volet d'une duologie, Le huitième sortilège met un terme aux aventures de Rincevent le sorcier (raté) et de Deuxfleurs, la première touriste du disque-monde. Bien que l'un soit la suite directe de l'autre, les livres présentent de fortes différences, qui sont probablement dues en partie aux trois années qui séparent leurs publications.
Du point de vue de la structure, Le huitième sortilège a une intrigue générale plus présente que La huitième couleur. Lorsque Rincevent et Deuxfleurs sont tombés du disque à la fin du premier volume, ils ont déclenché une série d'événements dangereux à l'Université invisible. Ils passeront encore la plus grande partie du second livre à fuir d'un danger à l'autre, mais l'histoire semble un peu moins gratuite cette fois-ci. Le livre se termine par le genre d'affrontement épique que l'on attend d'une aventure fantastique. Cela dit, cet affrontement n'est pas particulièrement satisfaisant : Pratchett n'y insuffle pas assez de tension et il est par ailleurs quelque peu difficile à suivre. De plus, son plus grand péché est que le lien entre cette fin et les développements précédents est ténu. Mais comparée à l'absence de direction de La huitième couleur, la structure est tout de même meilleure cette fois-ci. Et j'ai adoré le petit épilogue très émouvant.
En fait, ce qui m'a le plus déçu, c'est la faiblesse des personnages secondaires. La huitième couleur en fourmillait de protagonistes mémorables : Bravd et la Fouine, Hrun, Liessa, Tethis, l'empereur de Krull, le Patricien et bien sûr la MORT. Dans Le huitième sortilège, hormis le retour de la MORT, aucun personnage secondaire n'est particulièrement intéressant. Cohen et Bethan, les deux principaux, sont même particulièrement ternes.
On peut également voir des différences notables au niveau de l'humour. Ici, Pratchett met moins l'accent sur la parodie d'autres sagas de fantasy et commence à satiriser notre propre société, une tendance qui se poursuivra dans ses romans suivants. Pratchett a réussi rendre ses répliques encore plus pleines d'esprit, malgré un niveau déjà haut dans le premier tome. J'ai ri plus souvent en lisant ce volume que le précédent. En revanche, j'ai trouvé l'humour de situation beaucoup plus faible.
Dans l'ensemble, malgré l'amélioration de certains aspects, Le huitième sortilège est une suite plutôt faible. Le livre reste très drôle et mérite absolument d'être lu si vous avez aimé la huitième couleur, mais pris isolément, il est peu probable qu'il fasse de n'importe quel lecteur un grand fan du disque-monde.