Dans un aéroport, quelque part en Espagne. Salvador Fuensanta est un balayeur proche de la retraite. Il travaille là depuis des décennies. Au fil des ans, il a appris à lire chaque passager en transit comme un livre ouvert, d’où ils viennent, qui ils sont. Affable et bavard, il interrompt fréquemment son travail pour parler avec eux. Mais, consciencieux, il ne manque jamais de rattraper le temps « perdu » : s’il s’arrête cinq minutes, il travaille ensuite deux fois plus vite durant les cinq minutes suivantes.
Au fil d’anecdotes le lecteur voyage en sa compagnie, lui qui semble avoir fait le tour du monde et qui parle avec une telle chaleur de la frénésie du centre de Bangkok, de l’Inde grouillante, du muezzin appelant à la prière du haut d’un minaret d’Istanbul, du lac de Côme, des canaux d’Amsterdam. Et de ce fameux Japon qui ne serait selon lui qu’un produit de consommation, une invention géniale pour vendre des produits de haute technologie (Certes rétorque la passager en partance pour Tokyo, mais moi, je m’y rends justement ! Vous le croyez certainement, mais on vous emmène quelque part dans le sud de l’Espagne où l’on vous offrira tout ce que vous souhaitez en échange de votre silence, assène le balayeur).
Salvador nous parle de Léonor, sa femme disparue quelques années auparavant, d’Eduardo son neveu inadapté qui cherche à régler les problèmes de notre société un fusil à la main, de Sara qui travaille à la cafétéria de l’aéroport, de Juana qui tient le kiosque à journaux et avec laquelle il flirte, de Pau le balayeur poète qui s’est inventé un personnage finlandais pour faire connaître ses écrits, de cette passagère devenue amnésique après s’être cogné dans les toilettes de l’avion alors que celui-ci atterrissait. Tout un panel d’histoires merveilleuses, parfois interrompues par le décollage d’un avion et reprisent plus tard au pied levé. Avec humour, chaleur, sagesse et philosophie, le balayeur devient un merveilleux conteur que les passagers écoutent avec ravissement. Ces passagers dont le lecteur devine en filigrane et qui n’apparaissent jamais dans le récit : comme si nous écoutions une conversation téléphonique dont nous ne percevrions que les commentaires et les répliques de Salvador.
Une écriture simple et très agréable à lire. Un livre très original et drôle à savourer sans modération. Une réussite.
BibliOrnitho
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le 20 déc. 2012

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