Sylvia, femme de bonne condition, se voit proposer en mariage Dorante, de bonne condition également. Ils ne se connaissent pas et semblent redouter la rencontre, car chacun de son côté décide de mettre au point un petit stratagème pour pouvoir observer en toute tranquillité : ils décident de se faire passer pour chacun par son suivant. Le père est au courant des actions des deux parties, mais il est bien le seul. C'est parti pour ce petit jeu de l'amour.
La trame de base me plaisait bien, mais elle a vite pris une tournure qui m'a déplu. On s'y attend, les couples se forment au premier regard... Dans certaines pièces, je n'ai pas été dérangée par une telle précipitations des sentiments chez des gens qui ne se connaissent pas, mais ici, j'ai trouvé cela exagéré et ridicule. Trop de violons, trop mielleux et ça discourt ad nauseam sur la malchance de ne pas être de même condition que l'autre à qui l'on fait la cour... Pfff, c'est bon, on avait compris.
Si seulement ça s'arrêtait, là, mais non. Il y a une chose qui m'a tout simplement horripilée : le fait qu'un certain personnage fait preuve d'une ingratitude à toute épreuve. Non mais quel culot ! Comment peut-on justifier de tels agissements ? C'est déloyal, petit, mesquin, minable, détestable. « [...] je serais charmée de triompher ; mais il faut que j'arrache ma victoire, et non qu'il me la donne : je veux un combat entre l'amour et la raison. » Mais d'où ? Non, juste non. Comment peux-tu dire une chose pareille ? sale peste !
On arrive donc à un sujet que je déteste ; cette idée de guerre de l'amour, qu'il faille un vainqueur et un perdant... C'est mal parti pour le couple qui marche bien main dans la main cette façon de voir les choses. Et quelle guerre ? Vous vous connaissez à tout casser depuis une heure et demie, il ne faut peut-être pas abuser non plus.
Donc je n'ai tout simplement pas aimé Le Jeu de l'amour et du hasard. Je trouve les éléments assez mal amené, j'ai un peu de peine à voir un réel intérêt à cette pièce, et il n'y a aucune surprise : tout est téléphoné, on devine les répliques avant qu'elles sortent de la bouche des personnages et l'auteur insiste beaucoup trop sur le stratagème du déguisement et de « oh mon Dieu, tu crois que c'est moi, mais ce n'est pas moi, si seulement toi non plus tu n'étais pas moi, oh que je suis triste, que je suis malheureux ». Pfff...