je m’intéresse à la vie de l'auteur, car à travers ces lignes il semble avoir vécu la méthode de torture qu'il décrit pour son personnage de Monsieur B. .
il semble l'avoir lui-même subi, l'incarcération dans une pièce dénuée de toutes évasions psychologiques et au final la folie ...
ça pourrait ou peut expliquer bien des choses même métaphoriquement c'est d'une tristesse ...
je vois sa lettre de suicide teinté de désespoir et en même temps de gratitude, cependant le désespoir l'emporte c'est très triste ...
« Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j’éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m’a procuré, ainsi qu’à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j’ai appris à l’aimer davantage et nulle part ailleurs je n’aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même.
Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d’errance. Aussi, je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.
Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. »
— Stefan Zweig, Pétropolis, 22-2-42