Quand le joueur d'échecs démate, c'est un royal naufrage
Dans ma lignée récente de livres-blitz, les moins de 100 pages du joueur d'échecs sont admirables.
Découpée en trois actes, la nouvelle trahit un art consommé de la narration, en accrochant le lecteur par une introduction vivace et captivante, puis en insérant un long récit-flashback, qui ne s'efface qu'au dernier moment pour laisser place à un final éblouissant, apogée de tension avant de conclure sur un arrêt brutal, laissant votre malheureux serviteur tout à sa frustration.
L'édition que j'ai eu entre les mains présentait un petit texte introductif où se glissaient quelques éléments d'analyse, notamment le rapprochement quasi-inévitable d'un des protagonistes avec l'auteur lui-même.
C'est là que ce texte, intrinsèquement intéressant, devient fascinant par l'analyse en filigrane de la société contemporaine de Zweig, la souffrance qu'il a lui-même éprouvé et les implications de la torture quelle qu'elle soit, mais ici elle est psychologique, sur le plus placide des hommes.
Le résultat n'en est que plus saisissant, lorsqu'on imagine la furie soudaine et incontrôlable d'un homme par ailleurs intègre, physiquement et mentalement, du moins en apparence.
Une découverte que je vous invite à faire sans plus tarder, au prix d'à peine deux heures de votre vie.
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