Silicose vallée
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Il était une fois le Ch’Nord.
Le vrai. Celui des houillères. Des terrils. De la vie âpre. Des mines desquelles on remonte couvert de charbon le soir. On est dans Germinal. Un Germinal moderne mais pas si différent de celui de Zola.
27 décembre 1974. Catastrophe de Liévin. Coup de grisou et 42 morts.
Chalandon, de sa plume affutée et avec son sens des formules, nous plonge dans cet univers austère, entre puits, coron et bistro. La vie de Michel, 16 ans en 1974. Et de Joseph son frère aîné – mineur de fond et décédé. De la vie durant la journée précédant la catastrophe. De la survie durant les quarante années suivantes. De cette reconstruction impossible. De ces fantômes qui nous hantent jusqu’à la tombe. De la rancœur qui ne passe pas. Et qui s’envenime avec le temps.
Michel est un écorché vif. Jamais il n’a accepté la mort de son frère. Les cicatrices ne se sont jamais refermées…
Chalandon, égal à lui-même nous livre ici un récit d’une force incroyable. La lecture est dure. La douleur de Michel est aussi la nôtre. On a tous lu Germinal et on sait de quoi on parle. On connait les conditions de travail au fond. Même si elles ont dû un peu évoluer. On connait le boulot de titan.
Ce que nous raconte Sorj, c’est la vie des survivants. De ceux qui restent. Qui doivent faire sans. Qui se sentent parfois coupables d’avoir survécu. Ceux qui doivent encore se lever le matin. Pour parfois redescendre au fond. Ceux que rien ne console.
Et cette écriture magnifique d’un auteur que décidément j’adore. Taillée à la serpe. Décrivant avec justesse et en très peu de mots une ambiance à faire froid dans le dos. Des mots qui percutent comme percutent les marteaux-piqueurs au fond. Des mots noirs de charbon, étouffant comme la poussière qui asphyxie les mineurs. Des mots brûlant comme le grisou qui s’enflamme et ravage tout.
Quel talent !
Créée
le 30 janv. 2018
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