Je n'avais pas lu ce roman. Il parait que c'est une oeuvre "culte" dans la littérature contemporaine dite "feel good". Alors, soit je ne suis pas calibrée comme les autres, soit c'est un livre qui ne tient pas ses promesses... soit...les deux.
L'éditeur "j'ai lu" a classé ce livre dans les comédies... COMEDIES?! Alors, oui, j'avoue, en tant que lectrice de littérature classique, je souris aux déboires de Christian qui ne saurait conquérir le coeur de Roxane sans l'aide précieuse de son ami Cyrano...Je sais qu'on peut, avec les mots, se rire des aventures amoureuses désastreuses. Je sais qu'un "je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue" peut faire sourire tant l'emphase magistrale de Phèdre est monstrueusement belle et tragique à la fois.
Mais Bridget... Bridget quoi!
J'ai eu de l'empathie pour elle, pour ce qu'elle vit. Mais à aucun moment je n'ai ri, ni même souri, dans ce roman. J'ai identifié les fils des nombreuses cocasseries du roman-journal qui n'ont pas suffi à couvrir que :
- Bridget est une jeune femme qui souffre de troubles du comportement alimentaire particulièrement inquiétant ( des journées à 5000 calories quand même)
- Elle est littéralement doguée au tabac.
- Elle n'a aucune confiance en elle et se fait avoir par un patron queutard ridicule.
- son groupe de potes sert à peine de soutien.
- sa mère est terriblement instable et incapable.
- elle n'a aucune vraie vie intérieure et n'a d'yeux que pour l'image qu'elle renvoie d'elle à une société semi-bourgeoise lectrice de magazine people ou tendance et a pour obsession de trouver un mec qu'elle trouve à la fin en mode film de Noël sur TMC diffusé à partir du 15 septembre.
A aucun moment on a assiste à la naissance du vrai sentiment amoureux... "Ce type ne m'intéresse pas" en parlant du Darcy Lidl avec lequel elle finira parce qu'il a eu bon dos de l'aider et de s'intéresser à elle.
Donc pour moi, niveau comédie c'est un flop total. Je lui aurais bien donné une adresse de psychologue compétent pour qu'elle aille mieux et qu'elle arrête de faire le yo-yo.
Je pense que cette histoire a une visée différente que le divertissement. On tourne les pages de son journal (qui d'ailleurs s'avère être plus la retranscription d'un monologue intérieur qu'un vrai "journal") avec horreur, agacement, précipitation, curiosité... Ces sentiments variés nous font sans doute prendre la distance nécessaire qui nous fait dire "je pourrais m'y reconnaître par fulgurances, par flashs, mais en fait... non, cette Bridget a vraiment trop une vie de merde entourée de dentelles"!