Le K, c'est un peu mon Le Petit Prince à moi. Je l'ai découvert enfant et j'ai été fasciné par ces histoires fantastiques, mélancoliques, douces amères, tarabiscotées et poignantes. Mon imagination bouillonnait à imaginer ce grand squale poursuivant ce marin frappé de sa malédiction, ce costume crachant de l'argent, cette voiture qui pleure, cet ascenseur sans fin...
Puis j'ai redécouvert Le K au collège, lecture imposée pour la plupart, plaisir non dissimulé pour ma part, je me délectais de ces nouvelles toutes plus inventives les unes que les autres, et je m'interrogeais sur le / les messages éventuels de Dino Buzzati.
Le K ne m'a plus quitté depuis, ou si peu, le temps de prêter le livre à des êtres chers en priant pour qu'on me le rende au final...
Le K, c'est un ensemble d'historiettes sans relations (sauf les dernières), mais toutes habitées d'une part de fantastique, entre diableries et science fiction, légendes urbaines et mythes intemporels, toujours pour mieux illustrer les vices de l'homme et/ou de la société, les atermoiements de l'âme, les désirs irrépressibles, les rêves frustrants d'inaccessibilité.
Ce n'est pas pour autant un livre moralisateur. Dino Buzzati est un conteur, et ces fables n'ont de morales que celles que s'autosuggère le lecteur.
On peut en lire une au hasard le temps d'une pause café, lire l'ensemble en une après midi fiévreuse, se consacrer religieusement à une nouvelle chaque soir pour s'endormir en méditant sur le propos... Superbement écrit, Le K s'adapte à son lecteur, il est accessible, il est plaisant, il est imaginatif, il n'est philosophe que si le lecteur le désire.
Le K est un superbe recueil de nouvelles, s'appréciant à tout âge, à tout moment, et pour longtemps.