C'est dans ces termes délicats que Laurence Olivier a refusé le rôle d'Andrew à la création de la pièce, en 1970 ... et à la lecture du « Limier » (« Sleuth », pour les intimes), on comprend pourquoi.

Cette pièce policière en deux actes enchaîne les retournements plus improbables les uns que les autres, justifiés par une seule raison : le personnage d'Andrew est suprêmement intelligent, donc c'est possible, CQFD. Anthony Shaffer s'est étrangement planté en écrivant cette pièce : le personnage d'Andrew est un auteur de romans policiers, aussi pour lui donner plus de crédit, Shaffer truffe les répliques d'Andrew de références plus ou moins baroques à tel ou tel classique de la littérature policière (Agatha Christie en tête). Ce qui signifie que Schaffer a au moins lu quelques-uns de ces excellents romans policiers auxquels Andrew fait référence ! Comment, après avoir consulté ces intrigues parfaites, comment peut-on écrire une trame aussi mauvaise que celle du Limier ? Mystère...

Côté personnages, Andrew et Milo sont à pleurer : sans aucune consistance, sans aucune profondeur, ce sont deux stéréotypes improbables (l'un Britannique, l'autre Italien). On ne croit pas une seconde à leurs histoires personnelles ; et entre deux clichés beaufs sur l'Angleterre ou l'Italie (et les Juifs), Shaffer décroche un point Godwin dès la page 3 (et ça, c'est la classe).

Mais alors, pourquoi 5/10 ? Pourquoi pas 2/10 ? Parce que je crois qu'une bonne interprétation doit encore pouvoir sauver les meubles. Le texte est mauvais et l'intrigue est plate, mais deux très bons acteurs pourraient tirer de belles choses de ce face à face sans concession. La preuve, le film de Mankiewicz semble l'avoir réussi (cette fois avec Laurence Olivier).

Mais le fait qu'un réal et deux acteurs de génie soient parvenus à en tirer une oeuvre impressionnante, ne doit pas faire oublier que le matériau de base, lui, est assez mauvais ...
Wakapou
5
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le 3 juin 2013

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Wakapou

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