Frag[île]ment
Je ne sais si j'ai aimé ou détesté Pessoa. Je reprends donc le clavier pour essayer d'y voir un peu plus clair. Je n'ai rien à lui reprocher, ni sur le fond, ni sur la forme. C'est un écrivain de...
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le 30 déc. 2015
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En faisant endosser ses écrits majeurs par des hétéronymes, Fernando Pessoa a peut-être déniché la quintessence de l'autofiction. Chaque double de papier, marqué de sa propre personnalité, a libéré le poète portugais de ses tourments tout en les énumérant.
Par exemple ce Bernardo Soares, comptable le jour et auteur du Livre de l'intranquillité la nuit. Ses périgrénations littéraires ont quelque chose d'oriental, une quête du détachement ultime, la récompense réservée à ceux qui s'aventurent au-delà de la vie elle-même.
Mais, Soares/Pessoa le sait d'expérience, ce nirvana n'est pas acquis. Citadin et antimoderne, incrédule face au progrès sans se revendiquer conservateur, sensible mais capable d'analyser ses sensations, paradoxal et pourtant cohérent, l'hétéronyme parvient à sublimer la banalité dans son "Autobiographie sans événements".
Que ce soit par des paysages fantasmés (supérieurs à n'importe quel voyage), par la description onirique de ses sensations (de désespoir, de dérision, l'éventail est large) et de son quotidien (un orage se transforme en apocalypse éphémère), parfois aussi par quelques références (une admiration pour Chateaubriand, notamment), Soares apporte à Pessoa le réconfort de l'imagination.
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le 7 mars 2019
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