Le seul contact que j'avais eu avec Gaspar Noé se résumait à Irréversible, et l'expérience m'avait assez douché pour ne remettre le couvert que des années plus tard avec Climax.
C'est heureusement moins éprouvant, et on pourrait résumer la recette du film à une intrigue simple (des danseurs urbains fêtent une ultime répétition dans un genre de chalet, mais l'un d'entre eux a drogué la sangria) réalisée de main de maître.
Climax se découpe entre un acte de mise en place et sa résolution cauchemardesque. La première partie fonctionne au poil, avec revisionnage du casting de la troupe, plans-séquences hallucinés de danse, brèves de comptoir un brin graveleuses et basculement progressif dans la paranoïa au fur et à mesure que la soirée avance.
Le second morceau risque de passer ou casser selon les sensibilités de chacun. Il faut être très tolérant vis-à-vis de certaines réactions dictées par la panique, par exemple :
- une mère qui enferme son jeune fils dans un local électrique pour le préserver
- certaines improvisations étirées jusqu'au malaise, notamment la descente aux enfers de la chorégraphe
- le rejet total des gens sobres, sorte d'anti-modèle "Sam, capitaine de soirée"
Ceci dit, le style de Noé se déploie sans forcer, avec lumières inquiétantes, immersion en plan-séquence, cadrages oppressants et acteurs bien dirigée.
Quant à l'interprétation du film, j'y ai vu des gens associés pour le meilleur quand tout va bien, mais dont la solidarité vole en éclat aux premiers doutes. L'altérité devenant insupportable, un l'enfer c'est les autres maintes fois mis en scène, mais qui trouve dans Climax une impressionnante variation.