J'ai relu les deux premiers tomes de Vernon Subutex à l'occasion de l'adaptation en série, et lu pour la première fois ce volet de clôture. C'est une semi-déception, 400 pages qui se tournent toutes seules mais au bout desquelles on se demande la raison de cette prolongation.


Virginie Despentes orchestre de main de maître ses personnages, et la partition aurait pu encore se décliner sur des centaines (voire des milliers) de pages. L'enjeu principal était donc de réussir la sortie de cette troupe.


La fin du premier tome consacrait la folie d'un individu. Amputé du monde, Vernon Subutex s'y retrouvait une place grâce à l'alliance improbable de ses connaissances passées. Le besoin de s'extirper d'une existence faite de désillusions et de renoncements catalysait une harmonie dans le groupe.


On débouchait ainsi sur une folie collective à la fin du second tome. Des transes musicales (un peu new age) cohérentes avec l'intrigue bâtie jusqu'ici. L'utopie était imparfaite, ne concernait qu'un groupe restreint, mais ce petit miracle marquait presque une résurgence de l'esprit rock qui avait soudé la plupart des personnages dans les années 1980. Cette fermeture douce-amère d'un cycle aurait pu achever dignement les tribulations de Subutex et de sa bande.


Mais arrive le tome 3, et le passage au forceps à la folie universelle. Et là, quelque chose s'enraye. Le besoin de décrire la sidération post-attentats est louable, mais les personnages s'y adaptent mal. Certains pivots du récit en deviennent incohérents, et leurs effets de manche finissent par lasser.


Dopalet se venge de Céleste, mais surenchérit. Pourquoi, exactement ? La Hyène est décrite comme une obsédée du contrôle, mais ne cherche pas à obtenir la moindre info sur Dopalet après ses premiers déchaînements. Max est visiblement choqué par le traitement infligé à Céleste, mais organise ensuite le massacre froid et méthodique du groupe de Subutex. La basse besogne est confiée à une kamikaze vosgienne, sortie d'un chapeau magique. Les victimes sont toutes répertoriées avec soin, du coup qui a pris la place de Subutex ? Enfin, l'achèvement sur de la SF (Subutex est un prophète, ses ouailles deviendront en quelque sorte les chrétiens du XXIIe siècle) semble être une sortie désespérée.


Dans un chapitre médian, Dopalet est dépeint comme un grand fan de The Walking Dead. Une série chorale à fort concept, qui a fini par s'égarer à force de tourner en rond. Certains y verront une métaphore, d'autres ne retiendront que les deux premiers tomes de Vernon Subutex.

Rapha_da_Silva
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le 30 avr. 2019

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