Mowgli, comme Jim Hawkins et Alice, fait partie de nos mythologies enfantines. Nous savons tous, par le biais des adaptations livresques ou cinématographiques, qu'il faut se méfier de Kaa le python perfide, et que nous donnerions tout l'or du monde pour avoir une conversation privée avec Baloo et Bagheera la panthère noire.
Cependant nous connaissons rarement les pères de ces héros si vivants dans nos esprits d'adultes marqués par leurs aventures et leurs périples au sein de mondes familiers. J'ai le vague souvenir d'avoir "écouté" le Livre de la Jungle sur un 33 tours, galette noire magique qui reprenait la version de Disney de 1967. Puis j'ai rencontré Kipling plus tard, avec Kim. Ce récit en partie initiatique et sur fond colonial m'avait plu mais je n'avais pas poussé ma curiosité jusqu'à lire la célèbre histoire du petit homme au milieu de la jungle, pensant la connaître assez.
C'est chose faite, la lacune est comblée et moi aussi. J'ai ainsi découvert que Le Livre de la Jungle n'est pas que l'histoire d'un petit garçon abandonné. C'est un recueil de nouvelles dans lesquelles le jeune indien tente de trouver sa place, il en sera de même pour le Second Livre de la Jungle. Les événements racontés ne suivent pas forcément une suite chronologique mais cela ne gêne pas la fluidité de la lecture. Kipling crée de toutes pièces une jungle vivante et humanisée. Les animaux dotés de parole, ont un code d'honneur et sont le reflet, comme souvent, de la société humaine. Mowgli, rejeté du monde des loups et du monde des hommes peine à trouver un sens à son existence. Il doit par dessus tout traverser de nombreuses épreuves pour trouver la voie qui lui convient.
Un classique à lire, avec en arrière plan, ses multiples lectures et réécritures.