Un livre léger, un locataire pesant

Des vacances organisées un peu à l'arrache, un passage en vitesse à la bibliothèque du boulot pour y prendre un petit bouquin avant le départ. De la, on se dit, mais pourquoi donc toujours chercher à faire original, et si je faisais comme tout le monde, le bon polar des familles pour partir en vacances.


Allez, on est partis pour un policier. Du léger on a dit, donc on laisse de côté Lehane et Ellroy, de toute façon, c'est beaucoup trop long, c'est du bouquin posé dans le canapé ça. A Oslo, ma petite heure d'avion avait été occupée comme d'hab par un petit Folio 2€, l'énigme de la marie-galante par Simenon. Bingo, l'aspect Conan Doyle de gare m'avait séduit en nouvelle, je tente en mini roman.


Le locataire est donc choisi, objectivement parce que c'était le plus proche de ma main dans le tas des Simenon. Dans ce dernier, l'homme aux 400 livres, aux 10.000 femmes et dont la pipe tutoie la célèbre de Magritte, vient nous narrer la déchéance progressive d'Elie, un meurtrier à la clé à molette qui n'est que peu attachant, qui s'attaque à un riche marchand dans le train Paris-Bruxelles, et se réfugie dans la famille de son amante du moment, Sylvie, dont les parents sont logeurs.


Le pitch est simple, et la fin tragique est annoncée dès le début. Le destin de (l'anti)-héros n'importe donc que peu, tant il est prévisible. L'important réside plutôt dans la galerie de personnages et l'étude de caractères; avec les alliances qui se jouent et se déjouent dans la cuisine, seul réel lieu d'action d'un huis-clos qui n'est pas réellement fermé (oui, c'est paradoxal, mais la succession de trains, taxis et bars, ne sont que prétextes à retourner vers cette cuisine).


Une histoire simple, sympathique mais avec la rondeur caractéristique de Simenon qui nous prouve qu'un roman, fut-il de gare (et lu dans un train), peut être de qualité, lorsque l'auteur sait se placer comme un conteur habile des petits travers de ses pairs.

Ponchiot
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le 17 août 2016

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