Voici un livre qui parle d'un livre écrit par un livre.
J'aime les uchronies, alors quand on me parle d'un monde où les Alliés ont perdu, divisé entre le IIIè Reich et le Japon, j'accours. Et dans cette uchronie circule un livre mystérieux, Le Poids de la Sauterelle, qui raconte comment les Alliés auraient gagné la Guerre suite à la défection de l'Italie. Mais ce livre ne raconte pas notre monde actuel : selon lui, c'est l'Angleterre qui domine le monde, en concurrence avec les Etats-Unis. L'URSS s'est effondrée pendant le conflit.
Philip K. Dick livre ici ce qu'on pourrait appeler un "livre-chorale" : de nombreux protagonistes, reliés les uns aux autres de proche en proche, comme un ouvrier vendant des bijoux à un commerçant en objets d'art, ayant lui-même comme client un dirigeant japonais en Californie, en relation avec un étrange représentant de l'industrie suédoise, etc... Tous sont reliés par des éléments scénaristiques et sont les fondations d'une oeuvre tentaculaire.
Dick a écrit son livre comme si la culture japonaise avait envahi la Californie dans les années 50 : multiples intrigues, phrases concises sans forcément de verbe, parfois d'un seul mot, d'où cette sensation dérangeante de ne jamais savoir si l'on est dans une fiction, si on en lit une, de ne jamais savoir quel est le vrai ni quel est le faux dans le roman et dans ses mises en abymes, jusqu'à une fin qui peut rebuter ou passionner tant elle pose des questions métaphysiques.
Si vous voulez vous mettre le ravioli en ébullition, foncez lire cet ouvrage, mais regardez bien si votre toupie s'arrête de tourner à un moment.