Quatre étoiles pour saluer l’esprit visionnaire de ce roman qui, comme "1984" a dû paraître extraordinairement perturbant, voire flippant, à sa publication. Les premiers chapitres du récit, qui plantent le décor, sont ceux qui m’ont le plus intéressée ; la suite fut beaucoup plus laborieuse et ennuyeuse et si Aldous Huxley fut certainement un esprit précurseur, je me permets de douter que le talent d’écriture ait compté parmi ses qualités innées. Le style est très moyen voire décousu et si l’un de ses objectifs étaient d’annihiler tout sentiment dans la société futuriste qu’il a imaginée, alors c’est pleinement réussi, vu qu’il est absolument impossible de s’attacher à aucun de ses personnages.
Oui, sans conteste, au moment de sa parution, ce roman a dû agir comme un raz-de-marée. Mais pour le lecteur d'aujourd’hui, pour qui l’hégémonie de la société de consommation n’est plus une vision dystopique mais bien, hélas, une réalité, dans laquelle le clonage existe, dans laquelle on recourt à des mères-porteuses, dans laquelle les sentiments pèsent bien peu face aux enjeux économiques et individuels, dans laquelle le sexe tient déjà une place prépondérante dans les relations sociales, et enfin, pour faire bref, dans laquelle il est déjà tellement difficile de s’épanouir et d'être heureux sans lutter journellement dans ce but, et bien, et bien, « Le meilleur des mondes » laisse un goût assez fade une fois sa lecture achevée.
Avant qu’on ne tire à boulets rouges sur ce modeste avis, je tiens à préciser une énième fois que ma notation ne reflète que mon ressenti de lecture, proche ici de l’encéphalogramme plat.