Brave New World, de son titre original, est une dystopie surprenante pouvant paraître indigeste au début, mais qui est sacrément bien menée ! Bien que les personnages puissent paraître fades au début (particulièrement Bernard qui semble ennuyeux à mourir), on découvre leur personnalité petit à petit et surtout, leur vraie facette. Semblable à Winston dans 1984, Bernard admet les failles de ce système qu'il remet en question au cours du livre, accompagné de son collègue et ami Helmholtz. Un système malade où la parentalité même n'existe plus, où le conditionnement des êtres humains est maître du jeu, dès la naissance, à travers des techniques bien rodées. Huxley créer des inventions scientifiques bien pensées, tel le procédé Bokanovky, permettant de créer plusieurs humains identiques (similaire à du clonage), à partir d'une même cellule, par exemple.
Une fois de plus, malgré son âge (le livre date quand même de 1932), on peut tout de même faire certains parallèles avec le monde d'aujourd'hui : les "progrès" scientifiques à la Frankestein menant au désastre, les techniques de manipulation on ne peut plus présentes...
Bref, c'est un livre très bien amené et plaisant à lire malgré son caractère parfois lourd et alarmiste, lorsque l'on arrive à lire entre les lignes. Fait plaisant : j'ai aimé le fait qu'un des auteurs de référence en matière de littérature pour traiter du monde "before Ford" soit Shakespeare. On observe alors John, l'Indien qui apparaît à la fin du livre, débiter certaines paroles issues des personnages de l’œuvre shakespearienne, ce qui est très plaisant. D'ailleurs, très ironique, cette histoire avec John et sa pauvre mère, Linda. On les traite de sauvages, mais in fine, le vrai monde sauvage, c'est bel et bien celui de Ford : les femmes sont considérées comme de la viande (presque littéralement), la vérité est considérée comme "une menace", tout comme l'Histoire, qui "est une blague", les émotions sont cachées via le soma (défini par Mener comme étant "le Christianisme sans larme")- toutes ces choses qui dénotent du manque cruel de liberté. Chaque être, conditionné, mène une vie dictée par les principes fordiens. Enfin, à la toute fin, les sauvages, ce sont pas John et Linda, mais bel et bien les marionnettes issues du fordisme, qui observent John tel un singe de laboratoire, ce qui le mènera à sa perte. Horrible !