Ma lecture tardive de Brave New World, classique de l'anticipation rédigé par Aldous Huxley en 1931, m'aura laissé perplexe. Pas nécessairement sur la qualité du bousin (quoique) mais surtout concernant les divers éléments qui constituent la réussite d'une oeuvre littéraire et leur importance. Doit-on privilégier l'histoire en elle-même ? Son message ? Les réflexions et les interrogations que cela soulèvent ? Un quelconque style ? Un dosage savant qu'il est extrêmement ardu d'obtenir, différenciant un travail prometteur mais bancal d'un chef-d'oeuvre incontestable.


Dans ses idées, Brave New World m'aura effectivement conquis. La vision de l'auteur d'une parfaite utopie construite sur les fondations d'une société où le totalitarisme ne serait plus subit mais bel et bien accepté comme allant de soit par une population conditionnée m'a réellement fasciné. Si, comme le reconnaitra plus tard Huxley, le roman passe à côté de données non-négligeables comme la puissance nucléaire, le miroir qu'il tend à notre société actuelle fait froid dans le dos, en faisant clairement une oeuvre prophétique.


Le cadre engendre ainsi un questionnement passionnant, tout comme l'est la confrontation d'un monde totalement anesthésié et incapable de jouir réellement de la vie, d'avoir une pensée spontanée, et d'un autre plus sauvage, moins rigide, mais finalement tout aussi contraint par ses propres lois et son environnement. Même la beauté et la poésie à laquelle il a accès conditionnera inconsciemment sa façon de penser et d'agir, le "héros" se cachant constamment derrière les vers de Shakespeare pour exprimer ses émotions.


Un fond riche, mais qui se voit malheureusement plombé par un récit sans aucune saveur, Aldous Huxley peinant à construire une histoire qui se tiendrait en tant que telle. A la différence d'un 1984, réussite aussi bien thématique que narrative, Brave New World ne parvient jamais à nous rendre ses personnages un minimum attachants, simples marionnettes ne servant qu'à illustrer platement le propos du philosophe.


Visionnaire quand il imagine un futur basé sur les maux de son époque, fascinant quand il pousse à la réflexion, Brave New World est cependant pénible quand il tente de raconter une histoire. Il est donc préférable de l'aborder comme un essai plutôt que comme un véritable roman pour l'apprécier à sa juste valeur.

Gand-Alf
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le 21 oct. 2016

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Gand-Alf

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