Le meilleur des mondes, d'Aldous Huxley a été écrit en 1931, pour être publié en 1932. Ce titre est aujourd'hui entré dans le langage courant. Or, bien peu de gens l'ont véritablement lu. Pourtant, avec Evegeni Zamiatine , Karin Boye et Georges Owell, cet auteur a créé un genre de la science fiction qui a fait florès depuis appelé dystopie politique. Sous ce terme est décrit un système politique totalitaire dans lequel l'être humain est nié.
Aldous Huxley est né en 1894 dans un milieu privilégié du point de vue culturel. Il est le fils de l'écrivain Leonard Huxley et de sa première épouse, Julia Huxley. Son grand-père, Thomas Henry Huxley, est un des plus importants naturalistes du XIXe siècle, surnommé le « Bouledogue de Darwin ». Son frère Julian Huxley est un biologiste connu pour ses théories sur l'évolution. Du côté maternel, on trouve des littéraires et des pédagogues.
On retrouve dans Le meilleur des mondes, le thème de la surveillance même si elle est plus diffuse que dans 1984 de Georges Orwell avec son trop fameux "Big brother" et son slogan "Big brother is watching you". La surveillance est acceptée et s'y fonde sur la génétique et la drogue. L'Etat tout puissant s'appuie non plus sur les baïonnettes comme dans le passé pour asseoir son pouvoir mais sur l'assentiment de la population en usant des drogues, des divertissements et d'une propagande déguisée. Désormais, la raison n'est plus le propre de l'homme. Ce dernier est un esclave consentant qui accepte son sort. Il est même heureux de son sort. En effet, le bonheur est obligatoire, thème que l'on retrouvera dans Un bonheur insoutenable d'Ira Levin car il permet au pouvoir totalitaire de contrôler la société. Pour ce faire, ce dernier utilise la drogue - appelée Soma - et les divertissements.
Tout part de l'"éducation". On a dans Le meilleur des mondes la description d'un monde dit utopique divisé en castes bien compartimentées "grâce" à traitement pré-natal. Il en résulte la "création" en éprouvette d'êtres humains allant des Alphas , beaux et voués à devenir l'élite, aux Epsilon, laids et programmés pour effectuer des tâches manuelles.
Prophétique par bien des côtés, Le meilleur des mondes est un ouvrage majeur de la littérature d'anticipation et de la littérature du XXè siècle. Aldous Huxley imagine dans son oeuvre une société basée sur l'eugénisme. On ne peut que penser au film Bienvenue à Gattaca, sorti en 1997 avec pour personnages principaux un "dé-généré" appelé Vincent car né naturellement et un être voué à vivre éternellement dénommé Eugène. Aldous Huxley décrit un monde technologique déshumanisé.
Veut-on une société parfaite? Des gens heureux?
C'est à ces questions que souhaite répondre dans son roman Aldous Huxley. Il a été tout au long de son existence contre toutes les formes de totalitarisme qu'il soit culturel, religieux, scientifique ou idéologique. Il prévoie les dangers d'une science coupée de l'être. Il écrit pour avertir des dangers d'une éducation sans conscience où la liberté de choix est annihilée chimiquement, tout le contraire de ce qu'il a vécu grâce à sa mère qui avait créé sa propre école. Il décrit une société, émanation d'un monde capitaliste, où les hommes ne sont plus que des animaux sans raison. Il est ainsi prophétique d'une réalité où tout ce qui est réflexion est banni grâce ou plutôt à cause d'outils permettant aux plus vils instincts de d'exprimer. Pour lui, l'humanité est le résultat d'individualités qui doivent s'accoupler pour créer l'être vivant. Or, elle est asservie par toutes sortes de pouvoirs qu'ils soient étatiques, religieux. Ainsi, Aldous Huxley se méfie toutes les institutions. Il considère la société, l'Etat et la religion comme des monstres.