J'ai un avis assez ambivalent sur le Meilleur des Mondes. Comme beaucoup de gens j'ai l'impression, la forme m'a gêné : l'écriture est maladroite, parfois mauvaise, le style lourd et théâtral.
La structure même de l'histoire est bancale, Huxley commence par expliquer le conditionnement des êtres humains sous la forme d'une visite guidée dans un Centre de Conditionnement. Puis on passe à une histoire plate et sans grand intérêt, celle du Sauvage qui s'enfuit de sa réserve. Le bon sauvage qui rencontre la civilisation est un genre en soi, avec tous les poncifs qui vont avec : les réactions sont attendues, le choc des cultures peu intéressant. Cet aspect n'apporte rien au roman. Enfin, on se retrouve dans le bureau de l'Administrateur Mondial (l'un des big boss de cette société stérilisée), qui nous donne en pâture ses réflexions sur l'ordre mondial, Dieu, les Arts et la Science.
Description – Action – Dissertation – Conclusion.
Sur le fond donc, les thèmes abordés sont puissants et passionnants, et si on tire le fil de la réflexion on découvre une critique parfaite des travers de notre société ainsi qu'une réflexion nuancée sur le bonheur, la liberté ou encore le contrôle social et ce qu'il peut impliquer. Huxley me semble avoir eu une vision extrêmement juste et cohérente de ce « meilleur des mondes » mais n'a pas su la transcrire à sa juste valeur. Les passages descriptifs ou argumentatifs du début et de la fin du roman permettent de toucher un peu du doigt la pensée d'Aldous Huxley mais ne sont pas creusés. C'est dommage car Huxley était loin d'être un Bêta Moins.
Ca me fait l'effet d'une introduction, pas d'un roman abouti. Un peu comme un Voltaire de la SF, le style en moins.
Reste que ce roman reste un classique à lire, ne serait-ce que pour la description de ce monde ultramoderne et en même temps délicieusement vintage. Et peut-être qu'en lisant Retour au Meilleur des Mondes, je resterai un peu moins sur ma faim.