Le Menteur
7.1
Le Menteur

livre de Pierre Corneille (1643)

Le Menteur est pour ainsi dire une romcom du XVIIe siècle, plaisante mais presque dépourvue d’enjeu (mais peut-être seulement en apparence), et où le dialoguiste brille davantage que le scénariste.

Cette pièce repose sur une intrigue assez simple, qui repose moins sur les affabulations du Menteur que sur un quiproquo un peu facile sur le nom de l’aimée. Mais elle est menée tambour battant, et c’est cette impression de fougue que je retiens de ma lecture. C’est d’abord la fougue des jeunes personnages, qui supportent mal l’autorité de leurs pères, tombent amoureux au premier coup d’œil, et se battent en duel pour des broutilles (sans conséquences graves, rassurez-vous).

Corneille parvient à distiller cette joyeuse énergie dans ses vers, loin de la pompe de ses tragédies, en mettant en scène un badinage joyeux et spirituel. L’on comprend sans peine pourquoi on pardonne si vite à Dorante ses mensonges compulsifs, tant il déploie de verve.

Et l’on peut peut-être alors se demander si cette comédie n’est pas aussi un hommage à l’art du théâtre. Il y a à l’acte V une parodie très drôle du Cid. Corneille d’ailleurs semble tourner en dérision ce qui est le point central de tout son théâtre, la question de l’honneur, que Dorante brade sans vergogne chaque fois qu’il ment. Mais surtout, chaque fois que le spectateur se plaît à écouter ce menteur sympathique, n’est-ce pas parce qu’il aime se faire raconter des histoires extraordinaires ? Ne plus se soucier de véracité face à ces affabulations mais se laisser gagner par l’ingéniosité verbale, n’est-ce pas le ressort de « l’illusion comique » ?


Ascyltus
8
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le 30 juil. 2024

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