Le Messie de Dune est la suite directe de Dune. Dune parlait de la conquête du pouvoir, Le Messie de Dune lui illustre parfaitement son fardeau insupportable, sa perversité et sa corruption.
Le pouvoir de Paul est bien en place, les forces fremens loyales à sa cause ont conquis l'univers humain, réduisant à néant les dernières poches de résistance. Maîtriser un tel empire est une charge de tous les instants, la religion, le culte de la personnalité, le refus de toute forme de démocratie sont les outils du gouverment du Muad'Dib. Mais les complots ne sont pas tous étouffés pour autant et l'abomination Alia, soeur de l'empereur, laisse présager le pire...
La prescience de Paul rappelle le mythe de Cassandre, les personnages sont plus durs (si, c'est possible), car ils sont passés du statut des révolutionnaires fanatiques à celui des oppresseurs désabusés.
Si ce second opus est moins forcément séduisant que le premier tome fondateur, la réflexion de Frank Herbert s'affine, se développe et s'ouvre sur l'ensemble du cycle (avec un point d'orgue personnel L'empereur Dieu Leto de Dune). L'auteur n'a jamais voulu nous proposer un "simple" space opéra. Il s'interroge sur la destinée de l'humanité, sa nature même, Le Messie de Dune étant le premier véritable jalon d'une parabole qui s'étendra à tout le cycle.
Plus dur, encore plus froid, Le Messie de Dune est le tome qui fait office de charnière. Soit il vous plait, vous fascine, et vous êtes un élu, apte à se lancer dans l'ensemble du cycle, soit il vous rebute, Dune seul vous suffit... Ce n'est pas grave mais le travail de réflexion de Frank Herbert vous restera inconnu.
Un passage culte, quoique court : Paul discutant avec Stilgar, se comparant avec un personnage historique oublié du XXème siècle : Hitler.