Je suis assez fan de la littérature horrifique, mais j'ai comme tout un chacun quelques lacunes en la matière: des auteurs dont je n’ai pas encore lu le moindre livre. Parmi cette liste d'auteurs que je n’avais encore jamais abordé, il y avait Graham Masterton, qui s’est taillé une solide réputation dans le domaine au cours des années.
Il y a peu, je suis tombé sur une dizaine de ses livres à petit prix lors d'une brocante, et je les ai donc achetés pour une bouchée de pain.
Face à ses dix livres, j’ai décidé de me lancer dans ce Miroir de Satan. D’abord, car une histoire d’horreur se déroulant dans le milieu hollywoodien me parlait particulièrement, ensuite parce que le bouquin pouvait se venter d’avoir une note globale solide sur SensCritique.
Je dois dire que mon avis sur ce premier bouquin de l’auteur écossais est assez mitigé.
Du côté des points positifs, Masterton peut se vanter d’avoir su créer quelques scènes particulièrement envoûtantes et pleines de tension. Certaines descriptions particulièrement graphiques (pour ne pas dire gore) sont très réussies. Enfin, l’idée de relier les récits de Lewis Caroll, et particulièrement "De l'autre côté du miroir" avec l'Apocalypse de Saint Jean, est originale et se tient bien: l’imagerie hallucinée de Caroll se prêtant à merveille au style développé par Masterton dans son roman.
Autant de points positifs à mettre au crédit de l’auteur, donc.
Là ou le bât blesse, c’est malheureusement dans la construction narrative, dans son intrigue générale, et particulièrement à travers les réactions (ou l'absence de réactions par moments) de ses personnages aux événements rocambolesques auxquels ils sont confrontés. Comment le personnage principal peut-il réagir de la manière dont il réagit face aux effets du miroir ? Chaque personnage semble accepter le fantastique avec un facilité déconcertante et on discute de l’univers de l’autre côté du miroir et de l'irruption dans la réalité d’un gamin mort assassiné et découpé en morceau par sa grand-mère à la fin des années trente avec une sorte de désinvolture et de naïveté qui reste difficilement explicable.
Mirror n'est pas un mauvais roman d'horreur grâce à de vraies qualités d’écriture au cours de certaines scènes, mais s’effondre un peu, et paraît paradoxalement bien plus invraisemblable dans sa manière de traiter son intrigue ou la psychologie de ses personnages que dans ses descriptions sanglantes et hallucinées.
Un essai peu concluant, même s'il n'est pas catastrophique, mais qui me donne malgré tout envie de relire d’autres livres de Graham Masterton tant je sens chez lui de nombreuses qualités noyées au milieu de gros défauts. En espérant que ses autres livres s’avéreront plus à la hauteur de sa réputation.