J'ai relu Le Monde des non-A. C'est extraordinaire de clairvoyance. Quelque temps avant, je lançai une requête sur Bing pour tester sa "supériorité" présumée reconquise sur Google. Chat GPT me renvoie des réponses complètement stupides. Il donne le détail des sources: Wikipedia, etc. C'est le crime parfait. Il y a vingt ans, les moteurs de recherche privilégiaient les VRAIES encyclopédies, rédigées par de VRAIS experts et qui étaient finalement le plus objectives possible: Encylopedia Universalis, Encyclopédie Larousse. Et puis, Google est arrivé et nous a imposé, à nous tous, troupeau servile des 1% qui tiennent les cordons de la Bourse, les articles à chier de Wikipedia de merde en tête des résultats sur toutes les requêtes. L'argument employé? Wikipedia était du "Web 2.0" et les encyclopédies sérieuses appartenaient au passé, puisqu'il s'agissait de "Web statique", de "Web zéro" ou de "Web 1.0" - autrement dit, n'importe quelle bande de connards suffisamment organisée pouvait manipuler les articles pour influencer idéologiquement les pékins. Et les scandales se sont accumulés en série, mais aussitôt éventés, aussitôt oubliés, car Gogole n'en démord pas: Wikipedia, c'est la VERITE. Et de fait, c'est la Pravda, c'est la vérité "politiquement correcte", langage de la mondialisation néo-libérale qui sert les intérêts des 1% et asservit les 99% restant.
Or, que raconte Van Vogt en 1945? Cette histoire exactement, qui est en train de nous arriver avec Chat GPT. Dans un futur proche, la société terrienne est régie par une technocratie qui fait semblant de s'en remettre à une machine impartiale qui ne peut donner que les uniques bonnes solutions à tous les problèmes: c'est la Machine - un ordinateur gigantesque - qui permet aux meilleurs, à travers un système d'examens (les "jeux") naturellement "objectifs", d'accéder à des postes de pouvoir et d'entrer dans l'élite. Seulement voilà: le héros, Gosseyn, est refoulé, il commence à se poser des questions sur son vrai passé, et découvre que la Machine n'a rien d'objectif et qu'elle est programmée par l'élite pour servir ses intérêts égoïstes.
Le livre est extraordinaire, malheureusement desservi par la traduction de merde - mais alors, vraiment: de merde! - de Boris Vian. C'est que justement, la France "progressiste" et germanopratine a le goût des vaches sacrées. Or Vian occupe dans le décor proto-soixante-huitard de la gauche caviar une place de choix. Pensez, déconstructeur avant la lettre, et escroc littéraire, il jouait de la trompette dans les caves du Saint-Ger' de Sartre et écrivait des chansonnettes absurdes: un modèle, en somme. Le problème, c'est primo qu'il ne sait pas l'anglais, secundo qu'il écrit comme un pied. Résultat, une traduction pourrie qui est une trahison de l'original. En attendant une nouvelle traduction, lisez l'original, en anglais.